Les fantasmes sur l’Homme du futur sont nombreux. Si on en croit certaines rumeurs visionnaires, nos descendants ressembleront à de grosses têtes édentées dotées d’immenses yeux globuleux, le tout juché sur des jambes longues comme des échasses. Rassurez-vous, malgré ce physique ingrat, notre Homme du futur pourra jouir d’une intelligence phénoménale ! Mais si on en croit la science, l’avenir de l’Homme a toutes les chances d’être moins affriolant …
Même si les études génétiques montrent aujourd’hui qu’Homo sapiens évolue encore, il n’en reste pas moins que cette évolution est soumise, comme celle des animaux, à certaines contraintes. D’abord, l’Homme doit subir des mutations génétiques, ce qui est toujours le cas. Puis, la sélection naturelle doit permettre aux mutations apportant un avantage sélectif de persister ou disparaître. Ce mécanisme est aujourd’hui contrecarré par les avancées techniques et médicales, notamment dans les pays les plus riches. Par exemple, une personne moins sensible au virus de la rougeole n’aura pas un avantage sélectif sur les autres, car le vaccin vient combler le déficit sélectif qu’auraient développé ceux qui n’ont pas cette sensibilité moindre. D’un autre côté, l’amélioration des dernières décennies en matière de nutrition a conféré à des populations entières un nouveau caractère : une plus grande taille, qui n’est pas la résultante de la sélection naturelle mais bien d’avancées sociales. Enfin, l’isolement géographique permet aux nouveaux caractères de se reproduire plus aisément. Or, dans la dynamique actuelle de mondialisation, les populations humaines sont de moins en moins isolées.
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L’atlas de la beauté
Contrairement à ce que la mondialisation nous pousse à penser, la beauté n’est pas universelle. Chaque population perçoit la beauté d’une façon qui lui est propre et cette perception est intrinsèquement liée à son passé.
Vous l’aurez compris, l’Homme du futur a toutes les chances de ressembler grosso modo à celui d’aujourd’hui. Avec l’arrivée de l’ère industrielle, il y a eu un flagrant assouplissement de la pression de sélection naturelle, qui semble couper court à toute projection farfelue de notre aspect et de nos capacités futures. Comme l’a dit l’anthropologue Ian Tattersall avec un peu de cynisme : « Biologiquement parlant, l’espèce humaine ne va nulle part ! » Mais avec un peu d’imagination, l’évolution de la société peut rebattre les cartes : à vos paris !
Pierre Tousis
Sources :
https://www.sciencedaily.com/releases/2010/07/100701145519.htm
https://www.hominides.com/html/dossiers/homme-de-demain-homme-du-futur-homo-futuris.php