Marseille, début des années 2000. L’équipe de Jean-Michel Claverie s’intéresse à un étrange micro-organisme découvert dans le circuit de climatisation d’un hôpital anglais dix ans auparavant. Ils ne le savent pas encore, mais cet étrange microbe va révolutionner la vision classique de la microbiologie et voire plus encore.
À la fin du 19ème siècle, le botaniste russe Dimitri Ivanovski étudie une maladie qui affecte le tabac. Afin d’isoler l’agent pathogène, il filtre la sève en utilisant des maillages de plus en plus étroits. Cependant, même le plus fin de ses filtres laisse passer le microbe. Les scientifiques éliminent les différentes hypothèses, cela ne peut pas être une bactérie, ni une toxine, c’est un nouvel objet biologique nouveau : le virus.
Environ cent fois plus petits que les bactéries, les virus ne sont pas des êtres vivants autonomes. Ils ne peuvent se répliquer qu’en détournant le système de réplication d’une cellule hôte. Cependant, nos connaissances sur les virus sont bouleversées en 2003. Une équipe marseillaise qui étudiait un micro-organisme classifié comme une bactérie prouve que la communauté scientifique s’était trompée. Il s’agissait en fait d’un gigantesque virus de la taille d’une bactérie. Mimivirus est le premier membre de la famille des virus géants.

Des virus hors-normes
Si les virus se plaçaient déjà aux frontières du vivant, les virus géants repoussent encore plus ces extrêmes. Tout d’abord par leur taille. En effet, tous les virus géants font plus de 200 nm et sont visibles au microscope optique, contrairement aux autres virus. De plus, leur génome peut être énorme. Certains d’entre eux, comme Pandoravirus, possèdent plus de 2000 gènes. Par comparaison, le VIH n’est composé que de neuf gènes.
Enfin, certains virus géants peuvent même être infectés par des virus plus petits.Étant donné la complexité de ces minuscules géants, certains scientifiques envisagent de les classer comme une nouvelle catégorie d’êtres vivants. La compréhension de l’évolution de ces virus pourrait même nous en apprendre plus sur les origines de la vie.
Baptiste Gaborieau