Lors de son premier mandat, le président américain Barack Obama a levé l’interdiction de la recherche sur les cellules souches embryonnaires. Les avancées du domaine ont mené à des découvertes pour le moins surprenantes : il est désormais possible de recréer des gamètes à partir de cellules provenant de notre peau ou de notre sang.
Recréer des gamètes à partir de nos propres cellules somatiques est désormais possible. La récente maîtrise de cette technique apportera dans les décennies à venir de nombreuses avancées dans le domaine médical, et avec elles de houleuses questions éthiques qui feront débat. Mais comment a-t-on pu réaliser cet exploit ?
Tout d’abord, une cellule spécialisée de la peau est prélevée. Puis, cette cellule est transformée en cellule indifférenciée par activation de gènes associés au stade embryonnaire. On appelle cela des cellules souches pluripotentes induites (CSPi). Elles sont une alternative à l’utilisation des cellules souches embryonnaires dont l’utilisation est sujette à des problèmes éthiques, car leur prélèvement tue l’embryon. Ces CSPi vont ensuite subir une gamétogenèse in vitro. Les scientifiques parviennent à recréer ainsi des spermatozoïdes humains fonctionnels depuis 2012, et des ovocytes fonctionnels humains depuis 2016. Il est même possible de recréer des ovules à partir de cellules provenant d’un sujet mâle. Fascinant, n’est-ce pas ?
La maîtrise complète de ces techniques est proche. On peut donc se laisser aller à imaginer toutes sortes de scénarios. En premier lieu, on peut s’attendre à de grandes avancées pour la médecine et la société : la fin de la stérilité et la possibilité pour les couples homosexuels masculins d’être les parents biologiques de leur enfant. Mais les conséquences sur notre société pourraient être bien plus importantes ! En effet, il serait alors techniquement possible, avec l’aide d’une mère porteuse, de donner naissance à un enfant qui aurait pour parents soi-même et… soi-même ! Bien sûr, il est a priori très déconseillé de le faire, car le taux de consanguinité serait alors phénoménal. Encore plus fou, il serait possible de faire un bébé qui posséderait le patrimoine génétique de quatre personnes différentes à parts égales !
Les révolutions concernant la reproduction vont sans aucun doute jalonner les prochaines décennies. Mais la maîtrise de nouvelles techniques médicales est toujours accompagnée de questions éthiques et de société, car elles peuvent radicalement changer nos vies. Réfléchir dès maintenant à ces questionnements est donc primordial, car même si le sujet reste relativement cantonné au monde de la recherche, il est plus que jamais d’actualité.
Pierre Tousis
Sources :
https://link.springer.com/article/10.1007/s10728-016-0321-7
https://www.genethique.org/apres-lembryon-a-trois-parents-le-multiplex-parenting/