Avec l’entrée dans l’anthropocène, l’Homme est devenu une force géologique majeure capable de déstabiliser les services écosystémiques, rendant difficile la réponse aux défis de demain : augmenter la production agricole pour nourrir la population grandissante tout en diminuant notre impact sur l’environnement. Loin de l’idée de fin du monde et d’apocalypse, la collapsologie s’appuie sur un constat que notre planète va mal et dresse différents scénarios de fin d’un monde, afin de se préparer dès maintenant à l’après effondrement.
La collapsologie regroupe différents mouvements de pensée mais tous s’appuient sur les mêmes faits. Toutes les courbes de consommation sont exponentielles et corrélées aux courbes de changement climatique, il faut donc accepter cette idée et réfléchir à la transition vers un autre système.
Concernant les modèles existants, les prévisions du rapport Meadows commandé par le Club de Rome se sont révélées jusqu’à présent justes. Il prend en compte plusieurs paramètres tels que la population, la nourriture par personne, les ressources non renouvelables, la pollution ainsi que les limites de la planète et prévoit un effondrement de notre civilisation avant 2100. Les chercheurs ont testé plusieurs hypothèses en changeant les paramètres précédents. Tous les scénarios conduisent à un effondrement, sauf dans un cas : stabilisation de toutes les variables. En d’autres mots, selon Meadows le seul moyen d’éviter un effondrement serait de diminuer la croissance économique en vivant sobrement.
Plusieurs anthropologues de l’Université du Maryland ont étudié les communautés du Néolithique et ont prouvé qu’elles présentaient des signes avant-coureurs (« early warning signs ») bien avant de s’effondrer. Un des signes est une augmentation du temps nécessaire à une société pour se remettre d’un choc, telle qu’une perte de population due à une épidémie ou une guerre. Ils ont ainsi mis en place des outils statistiques capables de détecter une diminution de la résilience. Ces travaux pourraient s’avérer utiles afin de prévoir l’effondrement de communautés modernes.
En attendant 2121, on peut s’inspirer d’exemples passés : après la pénurie de pétrole en 1990, Cuba a su complètement changer son système alimentaire et devenir autosuffisant ; et après l’érosion des sols causée par une agriculture intensive, la société Maya s’est tournée vers l’agroforesterie, créant ainsi une société résiliente.
Aurore Guillaume