Le fait d’être une personne matinale ou non dépendrait en partie de facteurs génétiques. C’est la conclusion d’une étude comparant le génome de 700 000 personnes se déclarant être « du matin » ou plutôt « du soir ». Mais jusqu’où les gènes peuvent-ils justifier le fait de traîner au lit jusqu’à pas d’heure?
En janvier 2019, une étude scientifique aux résultats étonnants a attiré l’attention de tous les couche-tard. Ceux qui n’arrivent pas à aller au lit avant une heure absolument déraisonnable, ceux pour qui sortir des draps avant 9 h est une épreuve coriace, les habitués de la touche « snooze », ces âmes perdues sans énergie au lever du jour, ces incorrigibles oiseaux de nuit. Fini d’être des parias pointés du doigt : d’après la science, être un couche-tard ou un lève-tôt relèverait de la génétique ! Du moins, c’est ce que cette étude publiée dans Nature Communications nous suggère.
« C’est pas ma faute si je ne me lève pas le matin, c’est génétique » pourraient maintenant rétorquer les noctambules
Les chercheurs ont comparé et analysé les données génétiques de presque 700 000 personnes, tous participants du programme de collecte d’ADN UK BioBank ou bien clients de la biotech 23andMe, spécialisée dans l’analyse d’information génétique. Avant cette étude, seulement 24 gènes avaient été identifiés comme impliqués dans les comportements liés aux cycles circadiens (à savoir, les comportements « lève-tôt » ou « lève-tard »). Maintenant, on en compte 351 ! Ces gènes régulent plusieurs aspects de notre horloge biologique via les voies de signalisation hormonales. Cycles du sommeil, système immunitaire, température du corps ou même sensation de faim et de satiété, ces hormones sont d’une importance primordiale pour le bon fonctionnement du corps et pour notre hygiène mentale. « C’est pas ma faute si je ne me lève pas le matin, c’est génétique » pourraient maintenant rétorquer les noctambules face à une remarque piquante au boulot le lundi matin.
Malgré tout, il est important de bien garder en tête l’influence de l’environnement sur nos comportements : l’âge, le mode de vie, l’alimentation, les raisons de sortir de son lit, si on y est seul ou pas… Autant de raisons qui rendent l’excuse peu convaincante in fine. Pourtant, beaucoup de personnes continuent de s’épuiser en essayant de suivre des horaires imposées qui ne leur conviennent pas. Une solution possible : mieux adapter les heures de travail à l’horloge biologique de chacun, et non l’inverse ?
Mélissande Bry