Une collaboration entre la Fondation Tara et le Genoscope cherchent à dévoiler les mystères des récifs coralliens grâce au décryptage de l’ADN de plus de 35 000 échantillons collectés lors de l’expédition Tara Pacific, une mission de 2 ans traversant l’océan Pacifique.
Depuis plus de 10 ans, la goélette Tara parcourt les océans du monde entier, déterminée à faire avancer la recherche scientifique et à défendre l’environnement. Les expéditions inscrites dans le cadre de la Fondation Tara Expeditions comptent aujourd’hui dans leur bilan plus de 60 000 échantillons collectés et plus de 70 publications scientifiques. Un recueil de publications a notamment fait la une de la prestigieuse revue Science en 2015 avec la publication de « A world of plankton », une première mondiale révélant la cartographie génomique d’un large éventail d’organismes planctoniques marins.

Actuellement, l’intérêt est centré sur l’identification de nouveaux gènes sur les organismes coralliens collectés pendant 2 ans lors de la mission Tara Pacific. Pour l’analyse génomique, le Genoscope, centre national de séquençage attaché au CEA et situé à Evry (91), intervient depuis le début de l’aventure Tara. « On est en charge de l’ensemble des opérations de séquençage et aussi d’une grande partie du traitement informatique des données liées au décryptage de l’ADN », raconte son directeur Patrick Wincker à l’occasion du retour de cette mission qui a parcouru l’océan Pacifique entre 2016 et 2018. L’obtention de ces données génétiques représenterait un résultat majeur pour la compréhension de la diversité génétique des espèces présentes dans les récifs coralliens, ainsi que leur réponse face aux changements climatiques.
Pour la mission Tara Pacific, le Genoscope aborde des approches complémentaires : l’analyse de l’ADN sur place et au laboratoire. Pour Quentin Caradec, bio-informaticien à bord du bateau pendant le transect de Papouasie-Nouvelle-Guinée, cette nouvelle technique sur place a deux avantages. « La première est d’éviter de stocker trop d’échantillons à bord, et la deuxième est de pouvoir réorienter immédiatement les plongeurs pour qu’ils aillent prélever les échantillons qui ont un intérêt biologique particulier ». Cette technique efficace optimise les analyses et réduit des problématiques liées à la prise d’échantillons. Pourtant, l’analyse au laboratoire apporte de la rigueur à l’étude génétique. Au Genoscope, l’ingénieur de recherche Stéfan Engelen souligne que les données subissent un « contrôle pour évaluer la bonne qualité du séquençage ». Ces données sont ensuite transférées pour que les bio-informaticiens puissent « étudier la diversité des coraux par génomique environnementale ». Ces résultats majeurs sont attendus d’ici environ 2 à 3 ans.
Daniel Rosales
Image : Retour de Tara Pacific au port de Lorient. Crédit : Daniel Rosales/CEA.
Pour en savoir plus :
Journal du bord : Nº 1, Nº 2, Nº 3, Nº 4, Nº 5, Nº 6.
Vidéo : L’ADN de l’Océan, décrypté par TARA et le CEA-Genoscope