Si le nucléaire est bien présent dans nos pensées, que ce soit par l’actualité, lors de réflexions sur l’écologie, ou dans des questionnements sur le prolongement des durées de vie des installations, on pense souvent au “avant”, au “pendant”, et peu au “après”. Mais que se passe-t-il concrètement lorsque l’on doit démanteler une installation nucléaire ? Damien Gérard, consultant en ingénierie nucléaire, a accepté de répondre à nos questions sur le sujet.
Comment démantèle-t-on une INB (installation nucléaire de base) ?
Pour cela, on commence par “arrêter” l’installation nucléaire. Dans le cas d’une centrale nucléaire, on va évacuer le combustible, vidanger les circuits, etc. . Ensuite, la phase de déconstruction peut débuter. Toutes ces étapes sont rigoureusement encadrées par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN). Après cette étape, l’installation est à l’arrêt.
On n’arrête bien sûr pas toutes les unités d’une installation d’un coup. Par exemple, durant la déconstruction d’une installation nucléaire, on doit être en mesure d’assurer la sécurité du personnel travaillant et le maintien en conditions optimales de sûreté. Car durant tout le processus de démantèlement, il faut être vigilant à la radioactivité et prendre les dispositions nécessaires.
Quelle est la particularité des métiers du démantèlement ?
Le démantèlement est vraiment un processus de cas par cas, car toutes les installations sont différentes, construites différemment.C’est le chef de projet, avec son équipe, qui va devoir trouver les meilleures parades pour démanteler le site tout en minimisant la dose de radioactivité reçue par les travailleurs. Pour cela, il applique ce que l’on appellela démarche ALARA, pour « as low as reasonably achievable ». Il faut donc une bonne dose d’ingéniosité et de patience, car il faut souvent des années avant d’arriver au démantèlement complet d’un site.
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Lire la suiteJustement, en parlant de travailleurs, quelles sont les doses qu’ils peuvent recevoir et qui décide de ces seuils ?
Il existe deux types de travailleurs, ceux de catégorie A, qui peuvent recevoir jusqu’à 20 millisievert (ou mSv, unité utilisée pour donner une évaluation de l’impact des rayonnements sur l’homme) par an, et ceux de catégorie B qui peuvent recevoir 5 mSv/an. Pour se faire une idée, un français reçoit naturellement entre 1 et 3 mSv/an. Cette dose reçue provient des rayonnements liés aux examens médicaux (scintigraphie, radiographie, …), de celui provenant des roches (granite par exemple) et du rayonnement cosmique. On est fréquemment au contact de radioactivité dans notre quotidien, lorsqu’on prend l’avion, lorsqu’on fait une radio, dans des ordres de grandeur comparable.
Les doses autorisées pour les travailleurs ont diminué au fil du temps, d’une part parce qu’on fait de mieux en mieux en termes de protection, d’autre part par l’amélioration des connaissances sur le nucléaire, des méthodes de suivi, des méthodes d’opération sur les sites (développement de la téléopération grâce à des machines par exemple, permettant aux travailleurs d’opérer depuis une salle protégée).
Propos recueillis par Mahaut de Lataillade et Clara Müller