Que faire des eaux de Fukushima ?

Vue aérienne du cite de Fukushima. On y voit le millier de citernes stockant les eaux contaminées © Données cartographiques 2019 Vue aérienne du cite de Fukushima. On y voit le millier de citernes stockant les eaux contaminées © Données cartographiques 2019

Le 10 septembre dernier, huit ans après l’incident nucléaire de Fukushima, une déclaration de l’ex-ministre de l’environnement japonais a ravivé les peurs. Yoshiaki Harada avait annoncé que rejeter les eaux contaminées de la centrale dans l’océan Pacifique se trouvait être la meilleure solution pour s’en débarrasser. Inquiétante au premier abord, une telle décision serait-elle si grotesque ?

D’ici 2022, les 1 000 citernes de 1 000 m3 chacune seront  pleines. Sur le site de Fukushima, l’eau contaminée continue de s’y accumuler depuis la catastrophe de mars 2011. Essentielle au refroidissement des équipements, elle est pompée, traitée et stockée. C’est au rythme de 100 m3 par jour que se remplit le champ de citernes du site.

L’énorme volume reposant tranquillement dans ces conteneurs gigantesques est en grande partie décontaminé. Seul un élément subsiste en quantité non négligeable : le tritium. Cet isotope s’incruste au cœur même des molécules d’eau (H2O) en y remplaçant les atomes d’hydrogène. C’est ce qui le rend, de fait, dur à extraire de quantités si énormes. Malgré la très faible radioactivité de cet élément, le problème réside dans son abondance inhabituelle.

L’enjeu du contrôle

Pourquoi ne pas construire d’autres citernes ? Tokyo Electric Power Company (Tepco), la société exploitante de la centrale, cherche à éviter les fuites incontrôlées. Or, construire d’autres cuves expose à un risque important. Fuites, intempéries, infiltrations dans les sous-sols : les constructions sont faillibles et ont déjà montré leurs limites. Mais tout rejeter en mer serait-il plus raisonnable ? Pour beaucoup de spécialistes, la solution n’est pas si choquante. Car en réalité, toute centrale en activité relâche continuellement du tritium, sous un certain seuil.

Relâchée petit à petit, en respectant une certaine limitation, l’intégralité de l’eau stockée pourrait être relâchée en 7 ans et 4 mois, a estimé une commission d’experts mandatée par les autorités japonaises. Celle-ci précisait également qu’il s’agissait de la solution la moins onéreuse et la plus rapide. Sans pour autant évincer d’autres solutions, cette affirmation explique les propos de Yoshiaki Harada. L’ex-ministre de l’environnement a tout de même précisé que « la totalité du gouvernement va en discuter », l’horizon 2022 s’approchant à grands pas. 


Marion Barbé