The Expanse
Vous en avez marre des séries futuristes prévisibles, pleines de clichés à la sauce bonhommes verts ? Alors The Expanse est la série qu’il vous faut. Cette série prend place dans un univers futuriste où, 300 ans après notre ère, le système solaire a été colonisé par les humains. La Terre et la Lune sont sous juridiction de l’ONU et doivent gérer leurs propres problèmes suite au réchauffement climatique : la montée des eaux (la statue de la Liberté est entourée de grandes digues pour éviter qu’elle ne sombre sous les flots) et surtout une surpopulation massive qui tente de survivre. Mars, qui est indépendante, jugule ses ressources entre une militarisation et un processus de terraformation tous deux très coûteux.

Et comme si cela ne suffisait pas, la Terre et Mars, à couteaux tirés, oppriment la troisième zone très peuplée : la ceinture d’astéroïdes et les lunes des géantes gazeuses, riche en ressources dont les deux planètes manquent cruellement. Les ceinturiens, écrasés de taxes et de rationnements, tentent de résister et de s’organiser pour faire cesser l’exploitation de la Terre et de Mars. Dès-lors, assurez-vous de saupoudrer sur ces tensions géopolitiques (astropolitiques ?) la découverte d’une technologie potentiellement extraterrestre plus ou moins amicale, ainsi que des complots plus ou moins sournois. Vous aurez ainsi droit à de belles batailles spatiales très immersives et documentées scientifiquement, enchevêtrées dans des intrigues politiques complexes. Peur que le réalisme ne prime sur l’action ? La série est l’adaptation fidèle des romans du même nom écrits par James S. A. Corey, un pseudonyme qui regroupe deux auteurs : Daniel Abraham et Ty Franck, ce dernier étant assistant de George R. R. Martin, le créateur de Games of Thrones. Alors côté rebondissements, vous voilà prévenus.
Mathilde Ruby
Phobos
Résumé de l’éditeur : « Ils sont six filles et six garçons, dans les deux compartiments séparés d’un même vaisseau spatial. Ils ont six minutes chaque semaine pour se séduire et se choisir, sous l’œil des caméras embarquées. Ils sont les prétendants du programme Genesis, l’émission de speed-dating la plus folle de l’Histoire, destinée à créer la première colonie humaine sur Mars.
Elle veut trouver l’amour avec un grand A.
Léonor, orpheline de dix-huit ans, est l’une des six élues. Elle a signé pour la gloire. Elle a signé pour l’amour. Elle a signé pour un aller sans retour…
Même si le rêve vire au cauchemar, il est trop tard pour regretter. »
Éditions Robert Laffont.

Cette saga de science-fiction novatrice est écrite par l’auteur français Victor Dixen et est destinée aux jeunes adultes. Mais ne vous fiez pas au résumé, même si l’amour est un thème récurrent dans le récit, la série soulève des thématiques sociétales et des points scientifiques et technologiques importants et très actuels.
La privatisation des institutions publiques (ici la NASA) ; le lobbying ; la dictature des écrans et la cancel culture ; l’expérimentation sur êtres humains et la divulgation d’informations compromettantes ; et surtout la genèse d’une nouvelle espèce humaine sur Mars.
Le tout se passe dans un futur proche indéterminé qui nous plonge dans une intrigue palpitante et bien ficelée, aux multiples protagonistes et points de vue. Bonne lecture !
Sirine Ben Younes
De la boîte de conserve à la conscience numérique
La science-fiction se plaît à dépeindre des futurs apocalyptiques, dystopiques, dans lesquels la technologie, symbole de l’hybris humaine, finit par se retourner contre ses créateurs. Mais aujourd’hui, la mode des robots tueurs en fer blanc est passée, et l’IA vengeuse sait se faire beaucoup plus insidieuse, en se mêlant à l’humanité pour mieux la faire sombrer. Cela fait longtemps que ce motif existe dans la fiction, et il est propulsé vers le grand public en 1982, avec la sortie de Blade Runner. Adaptation d’une nouvelle de Philip K. Dick, « Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? », le film qui deviendra le symbole du genre cyberpunk laisse planer jusqu’à la dernière seconde le doute sur la nature humaine ou non de son protagoniste. Alors que la suite, Blade Runner 2049, sortait en 2017, ce cadre classique de la SF est constamment remis au goût du jour. Ainsi débutait en 2004 la diffusion de Battlestar Galactica, remake de la série Galactica de 1978. Peu après un holocauste nucléaire, les 50 000 derniers humains dérivent dans l’espace à la recherche d’un monde où s’établir, alors que l’ennemi les traque sans relâche. La série remanie les anciens cylons, robots révoltés contre leur maîtres, en des ennemis de l’intérieur à peau humaine et nous questionne sur la conscience et la nature de l’humanité, en plus de ses réflexions spirituelles et de ses dilemmes politiques, dans un contexte faisant fortement écho aux attentats de 2001. Plus récemment, la série Westworld (2016) nous montre l’éveil à la conscience d’androïdes martyrisés au sein d’un parc à thème grandeur nature. Réalisation léchée, intrigue captivante, Westworld sait elle aussi brouiller les limites entre l’humain et la machine. Ces trois œuvres, chacune avec la vision de son époque, parviennent à nous interroger sur ce qu’est l’humanité et à chambouler notre vision du monde. Peut-être ne sommes-nous déjà plus tout à fait humains …
Edwyn Guérineau
Dystopie musicale

Radiohead, groupe iconique des années 1990 et 2000 a trouvé grande inspiration dans les dystopies futuristes et notamment 1984 de George Orwell. Karma Police, dans l’album « “Ok Computer »” (1997) fait référence à ce roman. Cette chanson parle de la surveillance de masse et décrit un monde dystopique dans lequel l’état et la police intervient et juge la population sur des choses telles que leur apparence physique ou leur personnalité. 2 + 2 = 5, une autre chanson de radiohead dans l’album « “Hail to the Thief »” (2003) fait encore une fois référence à 1984, où toute liberté de penser est inexistante et où le peuple accepte sans réfléchir que 2 + 2 puisse être égal à 5. Thom York chante alors : « “Es-tu tellement rêveur, pour redresser le monde. Je resterai chez moi pour toujours, là où deux et deux font toujours cinq. […] Il n’y a aucune issue. Tu peux crier et tu peux hurler. C’est trop tard maintenant, parce que tu n’as pas fait attention…»”
Joachim Taieb
Soylent Green
de Richard Fleischer, 1973

Inspiré du roman du même nom, Richard Fleischer combine science-fiction et polar dans ce film d’anticipation d’un nouveau genre. Considéré comme la plus ancienne dystopie à faire référence à la surpopulation et à la catastrophe écologique, Soylent Green suit le détective Thorn dans sa découverte des revers de la société Soylent, sous couvert d’une enquête sur le meurtre d’un riche homme d’affaires. Bien qu’un peu mélodramatique par endroits, le film expose avec une grande justesse sa vision sombre du monde de demain.
Jeanne Bourdier