Le transhumanisme est un courant culturel et philosophique qui a vu le jour au XXème siècle. Il a aujourd’hui un impact dans la vie des gens, en témoigne la commercialisation de prothèses bioniques. Cependant certaines idées inhérentes à ce courant restent irréalisables.
La combinaison de l’Homme à la machine était un thème récurrent de la science-fiction du XXème siècle. En 1930 Aldous Huxley racontait dans Le Meilleur des mondes comment contrôler les paramètres biologiques des individus pour les adapter au système sociétal.
Vers la fin des années 1970 , le sujet est devenu presque inévitable dans le cinéma américain et l’animation japonaise. Robocop, Akira et Ghost in the shell figurent parmi les œuvres les plus marquantes sur le sujet.
En dehors de la fiction, le thème de l’humain augmenté est abordé par le courant intellectuel et culturel transhumaniste. Le transhumanisme défend l’idée d’utiliser la biologie et l’intelligence artificielle pour transcender les capacités humaines actuelles. Dès l’Antiquité, il était déjà question de quête d’immortalité comme dans les récits babyloniens de l’épopée de Gilgamesh ou le mythe de la fontaine de jouvence. Même si des prémices d’idées transhumanistes existaient au milieu du XXème siècle, c’est à partir des années 1980 que le courant de pensée voit le jour avec des philosophes comme Max More, Nick Bostrom ou l’ingénieur américain Kim Eric Drexler. Un transhumaniste comme Ray Kurzweil, ingénieur et futurologue, promet que dans peu de temps l’intelligence artificielle permettra de transférer notre conscience dans un système informatique.
Si de prime abord l’idée d’augmenter l’Homme apparaît comme une solution aux problèmes de santé et de vieillesse, il pourrait également être un outil dans la compétitivité et l’optimisation de la productivité. Selon Nicolas Le Dévédec, professeur en sociologie à HEC Montréal, le transhumanisme viserait à réformer l’Homme pour l’adapter au système sociétal néo-libéral actuel, plutôt que de réformer celui-ci pour l’adapter à l’Homme. La controverse se situe aussi sur le plan de la justice sociale. Avec la possibilité d’augmenter les capacités humaines, la population pourrait être divisée socialement et/ou économiquement entre les individus usant des modifications technologiques, génétiques ou biologiques, et ceux qui ne l’accepteraient pas ou qui n’en auraient pas les moyens.
Pour le philosophe Luc Ferry, la « course à l’augmentation » doit être régulée, ou elle mènera à des conflits entre famille, voire entre Etats.
Selon Jean Mariani et Danièle Tritsch, tous deux neuroscientifiques, les projets de vie éternelle et d’informatisation de la conscience relèvent du fantasme. Aujourd’hui la biologie ne permet ni de faire vivre un individu sur une durée illimitée ni de comprendre le fonctionnement de la conscience. Par ailleurs, des avancées peuvent être observées concernant les prothèses. En 2018, une femme a reçu une prothèse bionique pour la première fois en France. Son nouveau bras lui permet désormais d’effectuer des tâches domestiques. Il existe d’autres phénomènes apparentés au transhumanisme comme la consommation de drogues pour améliorer les capacités intellectuelles ou la prédiction de certaines malformations chez les fœtus. En somme, le transhumanisme reste très controversé et certains concepts ne sont pas près de sortir des œuvres de sciences fictions.
Rémy Fauvel
Sources :
https://www.challenges.fr/entreprise/ces-etudiants-qui-se-droguent-pour-reussir-leurs-etudes_590135
https://lejournal.cnrs.fr/billets/transhumanisme-de-lillusion-a-limposture
https://www.lefigaro.fr/vox/histoire/aux-origines-du-projet-transhumaniste-20200320