Le romantisme de la chauve-souris

Nous autres humains pourrions trouver qu’en termes de reproduction, les chauves-souris manquent cruellement de romantisme … À l’automne, les mâles et les femelles vivant à des endroits séparés durant l’été se rejoignent directement dans un hibernacle (l’endroit où les individus vont réaliser leur hibernation annuelle). Et c’est là que tout se joue, avec une rapidité fulgurante. Les mâles s’accouplent avec les femelles les plus proches, sans aucune autre forme de sélection. C’est ce que l’on appelle un accouplement de promiscuité. Premier arrivé, premier servi !
Pierre Tousis
Loin des yeux, près du cœur

Chez les oiseaux, c’est près de 90 % des espèces qui ont un mode de vie monogame. L’exemple le plus frappant est le gorfou sauteur, chez qui les couples restent fidèles toute leur vie ! Le secret de leur longévité réside dans la distance. Chaque année, les mâles et les femelles ne passent que trois mois ensemble, le temps que les poussins aient atteint une certaine maturité. Mais à chaque retrouvailles, les couples se rassemblent à l’identique au retour de leurs longues migrations.
Pierre Tousis
Pas de pitié pour les petits

Le lion et son harem sont l’exemple le plus connu de polygynie : l’accouplement d’un mâle avec plusieurs femelles. Le lion dominant maintient l’unité du groupe, en défend le territoire, et chasse les autres mâles y compris ses propres fils lorsqu’ils grandissent. Les jeunes lions errent alors en solitaire ou rejoignent des groupes de lions célibataires. En chassant le mâle dominant d’un autre groupe, ils prennent sa place et éliminent ses lionceaux.
Lina Vigneron
Madame et sa cour

Pour la buse des Galapagos, c’est la femelle qui s’accouple avec plusieurs mâles, jusqu’à sept en une saison des amours ! C’est ce que l’on appelle la polyandrie. La femelle et ses mâles se relaient ensuite pour couver les œufs, protéger le nid, et nourrir les oisillons jusqu’à ce qu’ils prennent leur envol. Cette dynamique permet à la femelle d’assurer son succès reproductif et la survie de sa couvée.
Lina Vigneron
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Lire la suitePaix et testicules

Les chimpanzés vivent en groupes où plusieurs femelles et mâles s’accouplent entre eux. Cette dynamique est appelée polygynandrie. La confusion de paternité qui en découle diminue l’infanticide et permet aux femelles de faire appel à plusieurs mâles pour s’occuper de leur progéniture. Pour les mâles, cela leur permet d’économiser le temps et les ressources allouées à la compétition. La compétition ne se fait plus qu’entre les spermatozoïdes, ce qui pourrait peut-être expliquer la taille exceptionnelle des testicules de chimpanzé (environ 110 g, comparés à 28 g pour un gorille).
Lina Vigneron
La Reine de cœur

La loi est dure chez les fourmis. La ou les reines, les gynes, sont les seules capables de se reproduire, les ouvrières étant stériles. Les mâles sont encore plus marginalisés dans ces matriarcats : nés d’un œuf non fécondé, ils possèdent moitié moins de matériel génétique et sont destinés à mourir juste après l’accouplement. Le vol nuptial est une hécatombe : les femelles emmagasinent les gamètes de leur partenaire dans leur spermathèque, l’abandonnent et tentent d’établir à leur tour une colonie. Cet unique accouplement permet à la reine de pondre pendant des années.
Edwyn Guérineau
Sources :
- https://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/les-annees-lumiere/segments/reportage/32068/chauve-souris-reproduction-accouplement-quebec
- https://royalsocietypublishing.org/doi/full/10.1098/rsbl.2015.0429
- Krasnec, M. O., Cook, C. N. & Breed, M. D. (2012) Mating Systems in Sexual Animals. Nature Education Knowledge 3(10):72
- National Geographic : African lion
- Faaborg, J., Parker, P.G., DeLay, L. et al. Confirmation of cooperative polyandry in the Galapagos hawk (Buteo galapagoensis). Behav Ecol Sociobiol 36, 83–90 (1995)
- Maslin Mark (2017). Why did humans evolve big penises but small testicles? Theconversation.com