Termites : voyage au cœur des cathédrales

Est-ce un réseau de transports en communs d'une ville connue ? Que nenni, ce sont les voies de communication des termites Cubitermes fungifaber ! © Agathe Delepaut

Nids en profondeur, monticules de trois mètres de haut, les termitières et leur structure sont des exemples d’architecture et d’urbanisme.

Les constructions des insectes sociaux sont impressionnantes : nids d’abeilles, galeries de fourmis. Parce qu’elles dépassent souvent du sol, les cathédrales des termites sont des plus saisissantes. Et ce qui se trouve à l’intérieur l’est encore plus. Ce sont de véritables métropoles qui peuvent contenir de 6 000 à plusieurs millions d’individus. Guy Théraulaz, docteur en neurosciences à l’université Paul Sabatier, à Toulouse, qualifie les nids « d’une extraordinaire complexité architecturale » lors d’une conférence à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne. Les termites structurent leurs nids d’une manière particulière, chaque espèce ayant son modèle architectural. Le nid est divisé en de nombreuses chambres ovoïdes qui serviront au couple royal, à la culture des champignons dont les insectes se nourrissent, au stockage, etc. La chambre royale est d’ailleurs adaptable. La reine émet une phéromone se diffusant dans l’air. À une certaine distance, l’intensité des phéromones réduit et les termites ouvrières sont poussés à construire : ils érigent des piliers pour soutenir une arche autour du corps de la reine. Si la reine grossit, le rayon de phéromones change aussi. Alors les ouvrières détruisent et reconstruisent la chambre.

Et lorsque l’on considère le réseau de communication en arborescence des Cubitermes, on observe des motifs particuliers. Les axes centraux sont les voies de communication, à la périphérie desquelles viennent se loger les chambres des champignons cultivés. Comme nos réseaux de transports, ils rallient les endroits les plus fréquentés. Leur structure est précise. Cependant, les termites n’ont pas une pleine conscience de ce qu’ils construisent. S’adaptant à l’environnement physique, ils possèdent une information de construction partielle, locale mais n’ont pas la moindre idée de son aboutissement à grande échelle. Il n’y a pas de termite urbaniste.

Structure d’un nid de Macrotermes natalensis – Sandias A. – Domaine public

Tout de même, leurs constructions restent un exemple. Les Macrotermes construisent un nid régulé par un réseau de ventilation passive. Le système repose sur l’alternance des courants d’air chaud et froid et garde la termitière à température constante. Si nous utilisons les termitières comme exemple le plus parlant du biomimétisme, ce n’est pas pour rien. L’architecte Mick Pearce a conçu l’Eastgate Building au Zimbabwe, bâtiment qui, comme le Queensbuilding de Leicester, régule sa propre chaleur en s’inspirant de l’architecture des Macrotermes.

Agathe Delepaut

Sources : https://agritrop.cirad.fr/580482/9/580482.pdf ; https://www.sam-network.org/video/l-art-de-la-construction-chez-les-insectes-sociaux-guy-theraulaz-dr-en-neurosciences ; http://www7.inra.fr/opie-insectes/pdf/i149-quivrin.pdf ; https://www.lefigaro.fr/sciences/2008/06/13/01008-20080613ARTFIG00620-l-architecture-interieure-des-termitieres-decryptee.php ; https://biomimetisme.wordpress.com/le-biomimetisme-dans-lhabitat/