La société contemporaine en peine de coeur

crédit: Alex Iby

Les longues relations hétérosexuelles sont-elles menacées ? La sociologue Éva Illouz avance cette thèse dans son essai « La fin de l’amour ». Elle suppose que le capitalisme se serait approprié la volonté de liberté sexuelle des années 60, en la poussant à son paroxysme, créant ainsi un marché de l’amour. Le corps, en particulier celui de la femme, devient alors une unité visuelle mesurable et exploitable. Il faut désormais soigner son image pour rester désirable. Cette hypersexualisation est aujourd’hui utilisée par les applications de rencontre. À la fois produit et consommateur, les amants d’un soir ne se reverront plus. Devant autant de choix, pourquoi se priveraient-ils de nouvelles rencontres, ils sont libres après tout. Malheureusement, cela favorise la dissociation entre les relations sexuelles et émotionnelles, déclenchant alors une forme d’anomie, c’est-à-dire la disparition des normes comme le mariage d’amour. Ce concept avait l’ambition de combiner fidélité et plaisir charnel, mais aujourd’hui il n’arrive plus à convaincre. L’augmentation des divorces en témoigne. De plus, les rencontres éphémères appelées casual sex, n’offriraient pas plus de relations sexuelles, car celles-ci ont généralement lieu chez les couples stables. Or, les histoires d’amour finiraient de plus en plus vite, voire même, n’arriveraient pas à commencer. Et comme cela fait mal, nos cœurs enchaîneraient les relations sans vraiment s’attacher. L’incertitude s’installe. Une souffrance qui est encore trop négligée.

Marie Origas

Sources : 

https://www.youtube.com/watch?v=DoKXqHwo5Lg

https://www.youtube.com/watch?v=b3JvyhEImIE&t=42s