Dans l’imagination collective, le zombie est une créature anthropophage revenue d’outre-tombe, souvent grâce à un nouveau virus issu d’un laboratoire peu recommandable. En revanche, dans la culture haïtienne, le zombi ne touchera pas à votre cerveau mais dissimule une réalité encore plus effrayante où se mêlent drogues et magie vaudoue.
Haïti pourrait être considérée comme une terre maudite. Sur ce pays insulaire, frappé par la pauvreté, les catastrophes naturelles et des épidémies de choléra, des morts-vivants se mêlent à la population. Ces zombis, ce sont des hommes et des femmes qui ont connu une véritable mort sociale, parfois considérée plus tragique qu’un décès classique.
Le zombi est choisi parmi les individus gangrenant la population, typiquement c’est un voleur ou un assassin. Il est convoqué de nuit par une assemblée mystique qui condamne le malheureux à vivre sa propre mort. Un prêtre vaudou, appelé bokor, lui applique une puissante drogue à base de tétrodotoxine, un poison issu du poisson-globe, le plongeant dans un état cataleptique. Toujours consciente, la victime est alors enterrée vivante et déclarée morte aux yeux de la société haïtienne. Son « cadavre » est ensuite déterré et ramené à la vie par le bokor qui achève son rituel. Le nouveau zombi est ensuite maintenu dans un état d’hébétude prolongée et sera utilisé en tant que main d’œuvre gratuite.
La zombification est actuellement illégale en Haïti mais une étude menée à la fin des années 1990 démontre qu’un millier de cas étaient recensés chaque année.
Baptiste Gaborieau