Le 19 mai 1845, le Capitaine John Franklin et ses 128 hommes d’équipage quittent l’Angleterre à bord des navires HMS Erebus et Terror, direction le Grand Nord canadien. Leur mission : effectuer la première traversée du mythique passage du Nord-Ouest, une série de chenaux censée relier les océans Atlantique et Pacifique. Tous rentreront dans la légende, mais jamais chez eux…
L’histoire tragique de l’expédition Franklin démarre sous les vivats et finit dans l’enfer blanc. Le 19 mai 1845, Sir John Franklin prend le commandement de la première traversée de la légendaire route maritime du Nord-Ouest, sinuant parmi les îles arctiques du Nord canadien. Les HMS Erebus et Terror de la Royal Navy accueillent à leur bord 128 hommes d’équipage. Équipés de moteurs à vapeur, les vaisseaux sont parés aux conditions extrêmes : renforts de coque (poutres et plaques de fer), chauffage à vapeur interne, et 3 ans de conserves. Les premiers mois de campagne se déroulent sans accroc. L’Erebus et le Terror sont vus pour la dernière fois le 28 juillet 1845 dans la baie de Baffin par deux baleiniers européens.
Après un premier hivernage et la perte de trois hommes atteints de la tuberculose, l’expédition Franklin est piégée par la glace en septembre 1846 près de l’île du Roi-Guillaume. Terrible coup du sort pour Franklin : la glace refuse de fondre à l’été 1847. Une nouvelle année d’immobilité s’impose. C’en est trop pour Franklin qui s’éteint le 11 juin 1847. Les survivants abandonnent les vaisseaux à la fin avril 1848. Ils cherchent à rejoindre la rivière Back, plus au sud sur le continent. Tous mourront en chemin, loin de la civilisation. Comment expliquer une telle déroute ? D’abord les conserves : soudées au plomb et victimes de malfaçon, elles auraient empoisonné les hommes. Mais le plomb ne serait pas le seul responsable. Des marques de lames sur les os retrouvés témoigneraient de cannibalisme. Ce serait donc la combinaison du froid, de la faim, du scorbut et autres maladies associées à l’intoxication au plomb qui aurait finalement eu raison de l’expédition. Les épaves de l’Erebus et du Terror, elles, ont été retrouvées respectivement en 2014 et 2016.
HMS : préfixe utilisé dans la Royal Navy, abréviation de Her/His Majesty’s Ship.
Hivernage : un navire est pris dans les glaces dans les pôles et son équipage reste y passer l’hiver.
Romain Fouchard
Image : Magdalena Bay. Vue prise de la presqu’île des Tombeaux, au nord du Spitzberg. Peinture de François-Auguste Biard.