À l’occasion de l’avant-première parisienne du film Artic, les explorateurs Matthieu Tordeur, Laurence De La Ferrière et Jean-Louis Étienne sont revenus, au cours d’une table ronde, sur la préparation de leurs expéditions.
Le 13 janvier dernier, Matthieu Tordeur est devenu le plus jeune explorateur à avoir atteint le pôle Sud en autonomie totale en 51 jours. Jean-Louis Étienne, en 1986, est le premier homme à atteindre le pôle Nord au bout de 63 jours, en tirant lui-même son traîneau, sans GPS ni téléphone. Laurence De La Ferrière, elle, est la première et seule femme à avoir traversé l’Antarctique en solitaire.
Pour réaliser ces exploits, ces trois explorateurs se sont préparés pendant de nombreux mois. « Les expéditions comme ça, c’est de l’endurance, 30 % dans les jambes et 70 % dans la tête », confie Jean-Louis Étienne. Les explorateurs ont bien souvent un passé de sportif : « je m’entraîne en Norvège pour apprendre à tirer un traîneau et m’habituer aux températures. Il faut se mettre en condition, apprendre à bien se connaître dans ce genre de situation », déclare Matthieu Tordeur.
Une expédition de cette envergure nécessite également un équipement particulier. « Le matériel est très important. Il faut faire beaucoup de tests, tout l’équipement électronique est en double. Là-bas on n’a pas le droit à l’erreur », explique Matthieu Tordeur. Pour Laurence De La Ferrière, « tout peut servir à tout, c’est un état d’esprit qui fait que, finalement, quoi que vous ayez décidé d’avoir dans votre sac, de toute façon ça fonctionnera ».
La préparation est également alimentaire : « un an avant l’expédition, je me suis astreinte à ajouter de l’huile dans tout ce que je mangeais pour être capable d’assimiler une plus grande quantité de masse graisseuse. Avoir une couche de graisse dans le corps est la meilleure protection contre le froid », nous indique Laurence De La Ferrière avant de conclure : « une telle expédition est la possibilité d’inscrire un chemin et d’exister, de se faire accepter dans cet environnement ou a priori il n’y a pas de vie possible. C’est une relation surnaturelle entre les éléments et un petit être humain ».
Camille Paschal
Image : Table ronde avec les aventuriers des pôles Jean-Louis Étienne, Laurence de la Ferrière et Mathieu Tordeur. Crédit : Pierre-Yves Lerayer.