Lors d’un superbe dimanche ensoleillé, ma famille eut l’idée remarquable d’inviter notre voisin de pallier, Gérard ; Gérard, c’est le parrain, le tonton, le collègue, le spécialiste Facebook, c’est tout le monde. Gérard, c’est surtout l’homologue français de Greta Thunberg, le directeur du fan-club de Yannick Jadot, en somme, c’est un écologiste assumé et enthousiaste, peut-être même un peu trop ? Alors que j’admirais ma nouvelle voiture d’occasion, ou devrais-je dire « mon billet pour la liberté ». Malheureusement, mon acquisition n’était pas du goût de tout le monde et surtout pas de Gérard.

Ses oreilles deviennent toutes rouges quand il s’énerve, c’est drôle quand on y pense. Il m’offrit alors un superbe discours sur l’écologie et le réchauffement climatique. Et en soi, il a parfaitement raison mon Gérard Thunberg, je n’ai rien à dire là-dessus, je serais même la première à blâmer les gens qui font deux cent mètres en voiture pour aller acheter une baguette. En revanche, là où mes oreilles ont commencé à saigner, c’est quand Gérard déblatérait sur les petits gestes du quotidien. « Les gens ne pensent qu’à eux, ils sont pas capables de mettre une pauvre bouteille en plastique dans la poubelle jaune, ils leur manquent des neurones ! » J’ai alors attrapé ma télécommande mentale et j’ai mis Gérard en pause ; je l’ai regardé et je me suis mise à songer.

« Ta condescendance et ton énervement prouvent que tu ne réfléchis pas plus que les autres. »

En réalité, Gérard, je comprends tout à fait ce que tu veux me dire et, le pire, c’est que je suis d’accord ; cependant, ta condescendance et ton énervement prouvent que tu ne réfléchis pas plus que les autres. Il est vrai que nous devrions être capable d’agir à notre niveau, or, il me semble que ta participation reste toute relative ; tu te flattes du fait que tu vas pouvoir aller voir la Coupe du monde au Qatar, grâce aux billets d’avion en promotion trouvés sur Lufthensa. Cette même coupe du monde qui se déroulera dans huit stades sur-climatisés, par le biais d’une compagnie aérienne qui a avoué avoir effectué plus de 18 000 vols fantômes depuis 2021, afin de conserver ses créneaux de vols, ces évènements restent des aberrations écologiques. Et ta passion pour les Jeux Olympiques d’Hiver à Pékin, alors que les épreuves se déroulent sur de la neige artificielle et les athlètes étant entourés d’usines ! En soi, ce n’est pas de ta faute, même si tu y participes plus ou moins. Quand je termine enfin mon « speech » imaginaire, je réalise que ça ne s’était pas du tout passé dans ma tête et que Gérard était passé du rouge au blanc.

Petit conseil avisé : n’invitez plus Gérard et faites des siestes les dimanches après-midi, ça donnera une pause à la planète.

Manon François

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Sources :

Bruno Trévidic. 11 janvier 2022. Vols à vide : le coup de bluff de Lufthansa. Les Echos. Consulté le 26 février 2022 sur https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/vols-a-vide-le-coup-de-bluff-de-lufthansa-1378347

Laurent Chasteaux. 8 octobre 2019. Stades réfrigérés au Qatar : Un expert pointe « une aberration climatique”. Le Parisien. Consulté le 26 février 2022 sur https://www.leparisien.fr/sports/stades-refrigeres-au-qatar-un-expert-pointe-une-aberration-climatique-08-10-2019-8168406.php

Rédaction numérique de France Inter. 4 février 2022. JO d’hiver : quel est l’impact environnemental de la neige artificielle ? France Inter. Consulté le 18 février 2022 sur https://www.franceinter.fr/environnement/jo-d-hiver-quel-est-l-impact-environnemental-de-la-neige-artificielle