Nomadland ou l’apologie d’un mode de vie

Plaques d'immatriculation Nomadland. Par Bart Ryker (image recadrée). Par Bart Ryker (image recadrée).

Dans Nomadland, le film de Chloé Zhao sorti en 2020, on suit la vie de Fern qui, après avoir perdu son emploi, décide de se lancer dans un voyage à travers l’Ouest américain. Avec sa vieille camionnette aménagée pour seule compagnie, elle va alors découvrir un mode de vie qu’elle ne connaissait pas jusque-là et va peu à peu se muer en véritable nomade des temps modernes. On retrouve ici le style épuré de Chloé Zhao qui nous plonge dans un univers méconnu du grand public à travers les rencontres de son personnage principal et des décors à couper le souffle. Un road movie poétique et réaliste, entre documentaire et fiction, qui se veut simple et ne porte aucune ambition exubérante. Pendant près de deux heures, on accompagne Fern dans une épopée bouleversante. À travers son deuil et sa détresse économique, on découvre doucement ce personnage qui, sans jamais se livrer à outrance, nous apparaît comme une anti-héroïne libre, digne et courageuse. On peut également relever la performance de Frances McDormand qui aura su jouer ce rôle avec beaucoup d’empathie et ce sans aucune fausse note. Une œuvre magnifique portée par des décors sublimes et des plans parfaitement maîtrisés : on ressent toute l’intensité des nombreux paysages présents. Chloé Zhao nous offre une partition parfaitement exécutée qui aura raflé tous les prix : le Lion d’or à la Mostra de Venise de 2020, le Golden Globe du meilleur film dramatique en 2021 accompagné de trois Oscars la même année, dont celui du meilleur film. Cette mise en lumière aura permis à la jeune réalisatrice surdouée de porter son message au plus grand nombre. Son œuvre, véritable ode à l’errance et apologie de la vie nomade, nous éloigne des idées reçues que l’on pourrait s’en faire. Malgré une certaine précarité, on est bien loin ici d’une vie désespérée, solitaire et terrible. D’une certaine façon, Chloé Zhao nous livre une apologie de ce mode vie qu’elle ré-enchante et idéalise peut-être parfois. Un film à voir, sans aucun doute, qui aura marqué grandiosement ce début de décennie et qui se veut presque déjà culte. Un hymne à la vie saisissant.

Valentin Boero