Âgée d’à peine 18 ans, Ariane a fait le choix de quitter Paris et d’aller vivre à cinq mille cinq cent trente et un kilomètres de chez elle. Elle réalise son rêve : étudier à Boston University, l’une des plus prestigieuses universités américaines. Passionnée très tôt par la politique et par l’actualité qu’elle a toujours suivie rigoureusement, débuter une double licence sciences politiques et journalisme avait tout son sens. En s’installant de l’autre côté de l’océan, elle souhaitait profiter de toutes les opportunités que le pays de la liberté pouvait lui offrir.
Fin août 2018, Ariane embarque au terminal E de Charles-de-Gaulle accompagnée par sa grand-mère ainsi que ses trois valises qui définiront sa nouvelle vie. Elle ne repassera à travers ces portiques que dans quatre mois. Arrivée sur place, l’étudiante doit déjà remplir plusieurs missions : « trouver un opérateur téléphonique américain, récupérer sa nouvelle carte bancaire et acheter de quoi meubler sa future chambre ». Une semaine après son arrivée, la jeune fille a enfin accès à sa chambre universitaire. Lorsqu’elle rencontre sa colocataire, sa grand-mère repart pour la France. Elle se retrouve ainsi seule pour affronter une nouvelle culture, un nouveau système éducatif, s’adapter à un nouveau mode de vie.
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Lire la suiteTrois ans et demi après s’être installée, Ariane est devenue une habituée des longs courriers. Malgré la pandémie, elle effectue deux à trois allers-retours par an. On compte 6 heures pour un trajet Paris-Boston et « à cause du vent, on en rajoute deux pour un Boston-Paris ». Lorsqu’on voyage autant de fois par an, il faut savoir s’organiser, ne pas oublier le visa, changer de carte SIM, prendre les adaptateurs des chargeurs, les clés. Mais aussi apprendre à être minimaliste : « payer 80 euros pour avoir dépassé les quinze kilos d’un voyage cabine, ça se retient ».
Après une vingtaine de trajets en avion, on pourrait penser que l’on s’accoutume aux décalages horaires et aux turbulences mais d’après Ariane, les voyages sont de plus en plus « fatigants » et « épuisants ». Quitter sa famille devient difficile et les au revoir sont de plus en plus déchirants. Transiter constamment entre deux pays aux cultures très différentes ne fait qu’augmenter son sentiment d’être « un radeau en mer » et le besoin de stabilité se fait ressentir.
Arrivant à la fin de son diplôme, Ariane fait le choix de poursuivre ses études en France. Dès septembre 2022, elle intégrera un master à Sciences Po, spécialisé en politique. L’étudiante ne regrette pas son expérience américaine qui lui aura donné tant d’opportunités professionnelles : présidente de l’association Her Campus de son université, réaliser un stage auprès de sénateurs américains du Massachusetts, participer à un défilé de mode étudiante pour la marque Primark. Les États-Unis lui ont aussi permis de faire des rencontres, la jeune femme « devenue patriote entre temps », retourne vers le pays de la gastronomie, en compagnie de sa copine ohioanaise, Erika, qui va à son tour faire l’expérience d’être expatriée.
Marie Vidalenc