Le nomadisme, mode de vie des peuples de l’empire Mongol, est fondé sur le déplacement constant. Pas de constructions en dur mais des camps dont la structure rappelle celle d’une ville, bien que temporaire.
De Karakorum à Kiev, le peuple de Gengis Khan suivait un style de vie nomade. Mais le nomadisme n’est pas strictement égal à l’absence de ville. Que ce soit à travers les agencements de camps ou les structures sociales, la vie au cœur de l’empire Mongol – notamment pour les tribus des steppes – est comparable en certains points à la structure des villes que l’on connaît. Pas besoin de construire des palais pour distinguer les hautes castes des clans. Les yourtes spacieuses, opulentes, emplies de tapis et fourrures appartenaient aux grands-khans gengiskhanides, les chefs de clans. Il s’agissait alors de véritables « palais errants » comme les qualifie René Grousset dans L’Empire des steppes. Cette aristocratie pratiquait la chasse de haut vol en utilisant des faucons pour attraper leur gibier, autre différence avec les classes moins aisées qui se contentaient d’un lasso. Même dans la vie nomade, les signes de richesse et de différences de classes étaient marqués. Par ailleurs, ces élites utilisaient aussi de vraies villes conquises comme postes militaires. Mais ce n’est pas la seule chose qui rapproche les campements mongols d’une ville. Les tribus transhumaient pour trouver de nouveaux pâturages, c’est-à-dire qu’elles déplaçaient leur bétail d’une période à une autre. Les yourtes, alors montées sur des chariots à roulettes, étaient déplacées par ce biais et installées en cercle ou agglomération temporaire : c’étaient des villes éphémères qui disparaissaient avec le peuple et leur bétail. Aussi, les villes en elles-mêmes étaient nomades, déplacées dans leur entièreté avec les troupeaux. Parfois, des structures restaient. Notamment sur les lieux d’hivernage, des établissements restaient fixes avec quelques éleveurs, artisans, etc. Ces « proto-villes » sont la marque d’un nomadisme « territorial » imposé par les frontières des territoires des autres tribus. Les déplacements suivent alors des itinéraires précis et des lieux réutilisés d’années en années. Aujourd’hui encore, la population mongole conserve ce style de vie nomade ou semi-nomade, bien qu’un tiers de la population du pays vive dans Oulan-Bator, la capitale. Mais quelques éléments se sont perdus au fil des siècles, comme la véhiculisation des tentes.
Sources : L’Empire des steppes – René Grousset ; La civilisation des steppes : le monde nomade eurasiatique de l’Antiquité et du Moyen Âge – Iaroslav Lebedynsky,
Agathe Delepaut