Pendant le sommeil et plus souvent le sommeil paradoxal, le cerveau crée des rêves. Lors de ces rêves, notre activité cérébrale n’est pas la même que lors de l’éveil, certaines régions du cerveau sont plus ou moins actives. Ce sont des réactions physiques et chimiques de notre corps qui permettent la création des images et des émotions qui composent nos rêves.
Un individu rêve en moyenne 1 heure 40 minutes chaque nuit. Les scientifiques ont longtemps pensé que les rêves avaient lieu uniquement pendant le sommeil paradoxal. Ces rêves sont caractérisés par des mouvements des yeux rapides et une activité cérébrale importante. Nous rêverions également durant les autres phases de sommeil. On se souviendrait pourtant mieux des rêves ayant lieu lors de la phase paradoxale. Les personnes réveillées pendant ce sommeil paradoxal se souviennent de leur rêve dans 85 % des cas, contre 10 % à 15 % pendant le sommeil lent.
Des rêves riches en images et en émotions
Pendant la phase de sommeil paradoxal, certaines fonctions du cerveau sont éteintes ou ralenties. Les aires primaires visuelles sont désactivées, les organes des sens ne transmettent alors plus d’informations au cerveau. D’autres zones cérébrales présentent au contraire une forte activité. C’est le cas des régions sensorielles comme le cortex visuel associatif qui produit une image, l’amygdale qui traite les émotions ou l’hippocampe chargé de la mémoire. Ainsi le cerveau continue de former des images sans besoin de visualisation extérieure. Les rêves sont alors riches en images et en émotions.
Les zones du cerveau activées pendant le sommeil paradoxal correspondent également aux actions et aux thèmes de nos rêves. Par exemple, si vous rêvez que vous marchez ou que vous courez, le cortex moteur sera activé, comme lorsque vous réalisez cette action en étant éveillé.
Une autre région inactive pendant le sommeil paradoxal, est celle du lobe préfrontal. Elle est en partie responsable de la cohérence des informations que nous recevons. En phase de sommeil paradoxal, notre cerveau n’est plus capable de faire la différence entre réalité et fantaisie. C’est pour cette raison que les rêves ont rarement de sens logique et sont difficiles à raconter.
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Lire la suiteUn centre des rêves ?
En 1954, le neuroscientifique Michel Jouvet et son équipe ont voulu déterminer s’il existait un centre précis des rêves où naît le sommeil paradoxal dans le cerveau. Pour ce faire, ils ont supprimé petit à petit des parties de troncs cérébraux de chats. Même après la section de l’hypothalamus et de l’hypophyse impliqués dans la régulation des émotions, il n’ont pas constaté de modification dans le sommeil paradoxal. Lorsqu’il ne restait plus que le pont, une structure qui lie le cerveau et la moelle épinière, les chercheurs y ont pratiqué des lésions progressives. Cette fois, les chats n’avaient plus de sommeil paradoxal. Cette phase de sommeil prendrait donc naissance dans ce pont. Ces données ont ensuite été confirmées par des expériences histochimiques. Il y a une accumulation d’enzymes au niveau du complexe céruléen, une structure cérébrale proche du pont. Ces enzymes sont impliquées dans la régulation de certains neurotransmetteurs tels que la noradrénaline, la sérotonine ou la dopamine. Ces derniers jouent ensuite un rôle dans les différentes phases de sommeil et de rêve. Les rêves sont alors un ensemble de réactions chimiques qui ont lieu dans notre cerveau.
Fanny Lavastrou
Sources :
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