Une société écartée de tout, où tous les individus sont normés. Imaginez un monde où tous vos faits et gestes sont déjà prévus, un monde où vos émotions sont supprimées.
The Giver ou Le Passeur est un livre de Lois Lowry, écrit en 1993 et adapté en film en 2014 par Philipp Noyce. Cette dystopie futuriste raconte l’histoire d’une société où les sentiments et la mémoire ont été effacés. Tout est observé et normé. Les habitants ne voient pas les couleurs, ne connaissent pas la joie, la peur, la tristesse …
Cette société est d’autant plus sectaire qu’elle est éloignée de tout, comme dans le récit utopique antique de L’Île du Soleil de Diodore ou encore la célèbre saga Divergente de Veronica Roth.
Dénonciation des régimes totalitaires ?
A partir du XXème siècle, on constate une émergence des dystopies, que ce soit en littérature avec par exemple Nous autres d’Eugène Zamiatine (1920), 1984 de George Orwell (1949), Fahrenheit 451 de Ray Bradbury (1953) etc… mais aussi au cinéma, avec Hunger Games (2012), Divergente (2014), The Giver (2014), Le Labyrinthe (2014).
L’Europe voit l’arrivée des régimes totalitaires, l’Allemagne nazie d’Hitler, l’Italie fasciste de Mussolini ou encore la Russie communiste de Staline. Cela fait naître chez les écrivains l’envie de dénoncer et critiquer ces régimes notamment par l’utilisation des dystopies.
C’est ce système totalitaire où l’individu n’existe plus et disparaît au sein d’une communauté contrôlée et uniformisée que l’auteur dénonce. Lowry va même plus loin puisqu’il y dénonce l’eugénisme qui est l’ensemble de méthodes et pratiques sélectionnant les individus par rapport à leur patrimoine génétique et éliminant ceux qui n’entrent pas dans le cadre défini par la société.
Dans The Giver, les thèmes de la mémoire et des sentiments sont très fortement liés. En perdant leur mémoire et leurs sentiments, les habitants perdent aussi leur libre-arbitre, et tout pouvoir de décision sur leur vie. En suivant les règles du système politique de la communauté, ils vivent dans un bonheur naïf. Ce livre et ce film dénoncent cette naïveté. Les habitants sont devenus des robots, obligés de suivre des règles de langage précises.
Louise Laurenço