Lors du prélude d’un concert de Green Day en 2017, des milliers de personnes ont entonné Bohemian Rhapsody avec une justesse remarquable, la même que l’on s’étonne de trouver en chantant sous sa douche. En effet, en rebondissant contre les parois de la salle de bain, la voix se déforme de plusieurs manières, donnant l’impression d’une chorale plutôt réussie. Deux choses peuvent expliquer ce phénomène : le mimétisme et une illusion psychoacoustique. Cette dernière repose sur «La fondamentale manquante », un théorème mathématique établi à la fin du XXe siècle qui stipule que lorsque plusieurs harmoniques sont jouées ensemble, la tonalité perçue par un auditeur peut correspondre à une fréquence qui n’est pas physiquement présente, mais qui est suggérée par la convergence des fréquences émises et par les attentes du récepteur. Le mimétisme peut venir renforcer cette illusion : à condition que plusieurs chanteurs au sein de la foule chantent juste, leurs voisins vont se corriger de manière inconsciente, et le chant de la foule va s’harmoniser et se synchroniser de lui-même. Cet effet est particulièrement frappant lors des applaudissements, mais il peut aller bien au-delà. Dans une étude de juillet 2018, le psychologue Ulman Lindenberger a montré que les battements cardiaques et les respirations des chanteurs d’une chorale pouvaient se synchroniser, créant une sorte de « super-organisme » qui pourrait expliquer la sensation de bien-être que l’on éprouve lorsqu’on chante en choeur.
Arthur Amiel