En 2015, Sorbonne Université inaugure sa chaire GeAcMus, ou Geste-Acoustique-Musique pour une durée de 18 mois. Leur objectif : entreprendre la toute première étude multidimensionnelle et pluriculturelle du jeu instrumental !
Née il y a une centaine d’années avec les débuts de l’enregistrement audio, l’ethnomusicologie vise aujourd’hui à étudier le comportement musical de l’Homme dans les différentes sociétés humaines. Encore trop méconnue de la sphère scientifique, elle est néanmoins déjà à l’origine d’une chaire thématique de Sorbonne Université. Baptisée GeAcMus – pour Geste-Acoustique-Musique -, celle-ci a pour objectif d’étudier les interactions entre le geste de l’instrumentiste, les propriétés mécaniques et acoustiques de l’instrument et la musique interprétée.
L’un des projets de cette chaire consiste en l’étude de harpes gabonaises. Cet instrument est joué spécifiquement dans un contexte rituel, principalement dans le culte du bwiti (rite initiatique). Plusieurs populations gabonaises pratiquent ce culte, mais chacune jouant de la harpe à sa manière, elles produisent un son légèrement différent… pour un même instrument !
Si les harpes restent les mêmes, certains éléments permettent déjà de les différencier : les appellations, factures ou encore décorations peuvent varier selon les populations. Mais qu’en est-il du geste musical du harpiste ? Ethnomusicologues et biomécaniciens se sont alliés pour tenter de répondre à cette question.
Les chercheurs ont alors comparé le mouvement 3D de musiciens des populations Tsogho, Massango et Fang. À l’aide de caméras optoélectroniques et de réflecteurs, puis de caméras GoPro, les gestes des harpistes – avec et sans instrument – ont ainsi pu être décortiqués avec une extrême précision.
L’étude a permis d’une part de déceler des variations de posture entre les musiciens, mais également des trajectoires du pouce et de l’index propres à chaque harpiste. Des différences qui permettent, à elles seules, d’expliquer ces variations musicales !
Jeanne Bourdier