Jeux dangereux : quand l’amusement vire au drame

"Pourquoi les plus jeunes s’adonnent-ils à des activités qui mènent à des séquelles irréversibles ou à un risque de mort ?"

Le jeu est synonyme de challenge et de plaisir, de parties entre amis, de stratégies plus élaborées les unes que les autres, ou simplement, de divertissement. Mais jeu rime aussi avec dangereux… Dérives de toutes sortes, violences qui mènent à l’impensable, retour sur un phénomène inquiétant.

Les jeux dangereux existent depuis longtemps (les premiers cas remontent à 1950) dans les cours de récré ou à la maison. Mais c’est il y a quelques années qu’ils ont fait parler d’eux avec la recrudescence des accidents, parfois mortels, qui s’est faite observer. Le dernier en date : Tom, 11 ans, est décédé le 22 février 2018 des suites d’un jeu du foulard pratiqué à son domicile. En tout, cinq adolescents/enfants sont morts, en France, à cause des ces jeux macabres. En 2012, un sondage réalisé par l’entreprise française de sondages Ipsos révélait qu’un enfant sur dix avait déjà joué au jeu du foulard ou à un autre jeu d’évanouissement. 

Il existe trois types de jeux dangereux : les jeux de non-oxygénation, les jeux d’agression et les jeux de défi fondés sur le « cap, pas cap ? ». Si la plupart sont pratiqués à l’école, les réseaux sociaux ou internet peuvent participer à la viralisation de ces jeux, ayant ainsi une répercussion bien plus grande. Parmi les plus connus, on retrouve le jeu du foulard (étranglement volontaire, réalisé seul ou à plusieurs, dont l’objectif est de connaître des sensations nouvelles), le jeu de la tomate (retenir sa respiration le plus longtemps possible jusqu’à devenir tout rouge) ou encore le « happy slapping » (pratique consistant à filmer une agression physique et à la diffuser sur internet). Plus récemment, c’est le jeu du déodorant qui a provoqué de graves accidents. Tout droit venu des États-Unis, il a fait le tour des réseaux en quelques jours. Le but :  se pulvériser du déodorant sur la peau le plus longtemps possible. Conséquence : des brûlures telles qu’une jeune fille de 10 ans nécessitera probablement une greffe de peau.

Pourquoi les plus jeunes s’adonnent-ils à des activités qui mènent à des séquelles irréversibles – physiques et psychologiques – ou à un risque de mort ? Fille ou garçon, enfant ou adolescent, nombreux sont les potentiels concernés. Selon les psychiatres, la participation à de tels jeux résulte d’une volonté d’appartenance à un groupe ou de l’influence des camarades. Les cas de la contrainte ou du harcèlement ne sont pas exclus. 

Face à ces jeux aux conséquences dramatiques et à l’inquiétude des parents, la prévention est indispensable. Depuis 2013, le ministère de l’Éducation Nationale a ainsi mis en place des actions de sensibilisation aux jeux dangereux dans les écoles, en partenariat avec des associations agréées au niveau national telles que l’Association de parents d’enfants accidentés par strangulation (APEAS). Au programme : la diffusion d’une brochure, d’un guide d’intervention et d’une fiche d’accompagnement pour les intervenants en milieu scolaire. « L’école doit faire en sorte que, à toutes les étapes de leur scolarité, les élèves comprennent ce qu’est un comportement à risques », explique le ministère. Il est également préconisé d’éduquer les parents afin de les inciter à la vigilance.

Célia Khalif

Sources :

https://eduscol.education.fr/cid47712/jeux-dangereux-pratiques-violentes.html (http://media.education.gouv.fr/file/51/6/5516.pdf)

https://www.education.gouv.fr/les-associations-agreees-par-l-education-nationale-6797

http://www.afpssu.com/