La nuit du 25 au 26 août 1951 est surnommée « Nuit de l’Apocalypse » à Pont-Saint-Esprit. Elle correspond en effet à l’apogée d’une inquiétante malédiction qui s’empare des habitants de cette petite commune du Gard depuis quelques semaines déjà. Les maux dont souffrent les villageois sont divers : frissons, maux de ventres ou encore hallucinations. Les habitants qui en sont victimes croient apercevoir des démons ou des serpents. Certains, pris d’une confusion totale, vont même jusqu’à se défenestrer et, au total, plus de 200 personnes auraient été touchées par ce mal singulier.              

Plusieurs hypothèses sont formulées pour expliquer les inquiétants évènements. Une croyance populaire laisse même penser que des avions américains auraient épandu du LSD (diéthyllysergamide) au-dessus de Pont-Saint-Esprit dans le but de tester les effets de cette drogue hallucinogène à grande échelle. Si des expériences peu éthiques concernant le LSD ont été reconnues ultérieurement par le gouvernement américain, rien n’indique que certaines aient eu lieu en France. 

La piste privilégiée à Pont-Saint-Esprit est celle de la farine contaminée. En effet, tous les villageois malades avaient acheté leur pain dans la même boulangerie. Un champignon en particulier est rapidement pointé du doigt : l’ergot de seigle. L’intoxication suivant sa consommation est connue pour provoquer l’ergotisme, une maladie foudroyante pouvant causant d’intenses douleurs et de puissantes hallucinations. L’ergot de seigle contient en effet de l’acide lysergique, une substance utilisée pour la synthèse du LSD. Certains historiens pensent même que de nombreux cas de possessions démoniaques ou de sorcellerie, comme ceux de Salem, seraient en fait dus à ce champignon infectant le seigle. Une analyse menée en laboratoire ne retrouve néanmoins pas d’ergot dans la farine de la boulangerie locale et le mystère de Pont-Saint-Esprit demeure irrésolu. 

Baptiste Gaborieau