Terre à l’horizon !

James Cooks faisant escale sur une île de l'actuel Vanuatu, dans le Pacifique.

Îles Sandwich, Terre-Neuve ou Nouvelle-Calédonie, la toponymie des îles témoigne aujourd’hui encore de la colonisation de ces territoires par les Européens. Les expéditions maritimes constituent l’étonnant prologue de cette histoire.

Rangianora ou Raroatua ? Voici deux des soixante options soumises par le gouvernement des Îles Cook au comité chargé d’élire le nouveau nom de l’archipel. Depuis janvier dernier, 19 historiens et responsables politiques locaux évaluent la pertinence de ces propositions. Parmi les principaux critères de sélection retenus : le reflet de la culture maori. En effet, si les quinze îles composant l’État disposent chacune d’un nom typiquement polynésien – à l’instar de la volcanique Rarotonga – le temps est venu de s’affranchir d’un patronyme terni par le colonialisme. Pour mieux comprendre cet héritage, il faut remonter au XVIIIe siècle. À cette époque, les monarchies européennes financent d’ambitieuses expéditions, avec l’espoir de découvrir des territoires inexplorés et d’en acquérir les richesses. Entre 1766 et 1769, Bougainville est ainsi le premier navigateur français à réaliser le tour du monde. C’est également la première fois qu’une femme achève un tel périple : travestie en valet, Jeanne Barret prend clandestinement part à l’expédition pour accompagner le botaniste Philbert Commerson, son amant et collaborateur. Astronomes, naturalistes et autres scientifiques embarquaient en effet, coutumièrement, à bord des frégates, afin de documenter les découvertes accomplies au cours de ces longues traversées.

James Cook, lui, effectue trois grands voyages, entre 1768 et 1779, le menant jusqu’aux franges de l’Antarctique. Le navigateur débarque ainsi à plusieurs reprises sur les côtes de l’archipel qui lui doivent aujourd’hui son nom. Ce n’est pourtant que plus tard, en 1804, que les Îles Cook sont officiellement baptisées en son honneur, alors que le territoire obtient le statut de protectorat anglais. James n’aura jamais l’occasion d’applaudir ou de s’opposer à cet hommage : en 1779, il est lapidé par des Hawaïens qui voient d’un mauvais oeil le prolongement de son séjour sur l’île.

Céline Berthenet