Le protoxyde d’azote de formule N2O est un gaz incolore. Il est utilisé en anesthésie, chirurgie ou tout simplement dans les syphon à chantilly. Pourtant, de nos jours, c’est une autre utilisation dangereuse qui lui est attribuée.
Soirées collégiennes et lycéennes : le protoxyde d’azote (N2O), gagne en popularité ces dernières années. Sous forme de cartouches métalliques, les consommateurs transfèrent le gaz dans des ballons afin de l’inhaler et profiter de son effet immédiat de fou rire. On l’appelle « gaz hilarant »ou « proto ». Sa légalité, ainsi que son accessibilité de prix, le rendent populaire. On le trouve en vente libre au supermarché ou sur internet.
Sylvie Deheul, médecin en addictovigilance au CHU de Lille décrypte son mécanisme : le N2O prend la place de l’oxygène dans la circulation sanguine, ce qui en prive le cerveau quelques instants. Cela engendre donc une situation d’euphorie, soit un fou rire non contrôlé. C’est le même procédé biologique que le jeu du foulard (étranglement volontaire) : on prive le cerveau d’oxygène sur de courts instants. Cette pratique peut sembler sans risque, puisqu’elle n’est pas reconnue comme addictive. Le gaz est également vite éliminé par les poumons. Mais la médecine nous alerte : les risques immédiats peuvent être l’asphyxie, la perte de connaissance, la brûlure par le froid du gaz ou encore la perte de réflexes. L’autre signe à prendre en compte ? Les fourmillements dans les membres. Les conséquences peuvent prendre plus d’ampleur sur une utilisation répétée voir quotidienne. Le protoxyde d’azote peut conduire à un déficit sévère de vitamine B12. On évoque alors ici une potentielle atteinte de la moelle épinière, une anémie voire des troubles psychiques.
Le Parlement semble vouloir se saisir du problème en proposant une loi visant à encadrer la vente de protoxyde d’azote – en interdisant la vente aux particuliers sans autorisation – et à renforcer les actions de prévention. Mais à ce jour, ce n’est qu’une proposition et aucune loi n’a été validée.
On retiendra que pour notre santé, les blagues sont bien meilleures que le protoxyde d’azote, et tout aussi efficaces pour un bon fou rire !
Alissa De Chassey
Sources :
Agence régionale de santé Hauts-de-France. (2022, 22 octobre). Usage détourné du protoxyde d’azote: une pratique à risques. https://www.hauts-de-france.ars.sante.fr/usage-detourne-du-protoxyde-dazote-une-pratique-risques
Association Addictions France. (2022, 16 février). Usage détourné du protoxyde d’azote. https://addictions-france.org/actualites/protoxyde-dazote-ou-gaz-hilarant-quels-sont-les-risques-518/
Passeron J., Guilleux A., Guillemot M., Langlois E., Pilliere F., (2016, décembre). Protoxyde d’azote lors de l’utilisation du MEOPA en milieu de soins : toxicité, situations d’exposition, données métrologiques, pistes de prévention et rôle du médecin du travail. https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=TP%2026
