Une société en plastique

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Il est bien difficile de résumer notre civilisation actuelle à une dimension en particulier. Dans le futur, définirons-nous l’ère que nous vivons actuellement comme une période de découvertes scientifiques majeures, ou bien comme l’époque où la surconsommation a atteint son apogée ?

Dans tous les cas, si nous devions réduire notre culture à un objet significatif, cela pourrait bien être le plastique. En effet, depuis un peu moins de deux siècles, il a envahi nos existences et se retrouve partout, dans nos décharges, nos villes, nos océans et nos montagnes.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’utilisation de matières plastiques n’est pas propre à notre époque, mais remonte jusqu’à l’Égypte ancienne. On définit par matière plastique tout polymère mélangé à d’autres ingrédients afin de fabriquer des objets ou semi-produits. L’utilisation de colles d’os, qui rentrent donc dans la définition de plastique, a été documentée dans la construction de mobilier dès le XVesiècle avant notre ère. Mais c’est véritablement à partir de la fin du XIXe siècle que leur emploi se développe avec la découverte de plastiques synthétiques fabriqués à partir de caoutchouc, de cellulose ou de caséine, une protéine issue du lait. C’est à cette époque que l’on produit pour la première fois la viscose, la cellophane, le nylon, les silicones et de nombreux nouveaux polymères.

Ces dernières années, la production mondiale de plastiques a explosé, passant de 1,5 Mt (millions de tonnes) en 1950 à plus de 322 Mt en 2015. Dans un rapport intitulé « L’Atlas du Plastique », la fondation Heinrich-Böll Stiftung, la Fabrique Écologique et le mouvement Break Free From Plastic dressent un constat sans appel : nous vivons véritablement une crise du plastique. De tous les plastiques jetés depuis 1950, seuls 10 % ont été recyclés, tandis que la très grande majorité a été rejetée dans l’environnement. Cela mène à de graves pollutions des eaux et des sols. Prenons l’exemple des gyres océaniques, ces zones où différents courants marins convergent les uns vers les autres, accumulant des millions de tonnes de plastique dans des vortex, créant ce qu’on appelle faussement des « continents de plastique ». 

Bloqués dans notre croyance que le recyclage suffira à résoudre cette crise de surproduction, nous tombons parfois dans des mécanismes de « wishcycling ». Ce phénomène consiste à croire à tort qu’un déchet est recyclable. Il suffit alors de l’inclure dans le processus de tri pour se donner bonne conscience, sans penser au fait que sa présence va polluer le cycle de traitement des déchets effectivement recyclables. 

Alors que faire, si même recycler n’est plus la solution ? Avant d’espérer l’effondrement de notre civilisation pour la reconstruire sur des bases plus saines, repenser drastiquement nos modes de vie à la fois au niveau personnel, social et gouvernemental est indispensable. L’interdiction des plastiques à usage unique, les systèmes de consignes et de recyclage semblent être les premiers pas vers une nouvelle civilisation, espérons-le plus raisonnable.

Clara Müller

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