T. Georges Harris nous dit que, en amour, tout le monde est un expert …
… et encore plus depuis que Frédéric Beigbeder a publié un livre (en 1997) et réalisé un film (en 2012), tout deux intitulés L’amour dure trois ans. Depuis c’est devenu un marronnier de magazines féminins et une vérité que tout un chacun assène à tout va. Tous les neurobiologistes de la planète se sont donné rendez-vous sur Femina.fr pour expliquer que ces trois ans sont la durée nécessaire pour procréer et allaiter un enfant, et qu’une fois sa survie assurée les parents peuvent se séparer. Le point le plus crucial et commun à tous ces articles est de ne surtout pas indiquer leurs sources, car, surprise : il n’y en a pas.
Pourtant, étudier l’amour, c’est chose possible. On peut mesurer des taux d’hormones dans le sang et les associer à des comportements (le désir serait causé par l’œstrogène et la testostérone, l’attraction par la dopamine, la sérotonine et l’adrénaline …). On peut effectuer des IRM pour observer les réactions d’un cerveau quand on lui montre des photos de son partenaire amoureux, et observer quelles zones s’activent le plus. Mais personne n’a encore chronométré dans un laboratoire des relations amoureuses, et donc aucune preuve expérimentale n’existe pour soutenir la thèse que l’amour dure trois ans (ou sept, ou dix-neuf).
Les seuls arguments disponibles se trouvent dans des livres écrits par des neurobiologistes, comme Lucy Vincent et son essai L’amour de A à X-Y (2010), mais dans lesquels aucune source scientifique n’est avancée, ou alors des pseudosciences comme la « loi de l’attraction », qui stipulent que nous sommes pure énergie et que nous pouvons attirer les choses et les autres rien qu’en s’imaginant déjà les avoir. Je t’imagine amoureux de moi, mon énergie te le transmet et paf ! C’est le coup de foudre.
En substance, cette date de péremption de l’amour n’est qu’une sottise qui tente de se vendre en jouant sur nos doutes. L’important reste de faire comme bon vous semble, d’apprendre à communiquer et de respecter le consentement des autres.
Clara Müller
Sources:
- A new look at love, de Elaine Hatfield et G. William Walster