Les virus n’ont jamais autant fait parler d’eux qu’en cette année 2020. À l’avenir, ils risquent de continuer à occuper le devant de la scène. Grippe asiatique, VIH, SARS, H1N1, MERS, Ebola, et actuellement SARS-CoV2… Depuis les années 1960, la liste des épidémies ne cesse de s’allonger. Paradoxalement, les avancées technologiques et les connaissances scientifiques n’ont jamais été aussi importantes. Vaccins, antibiotiques et pasteurisation ont permis de diminuer le nombre de morts liés aux maladies infectieuses. Alors pourquoi toujours plus d’épidémies ?
S’il est essentiel de se préparer aux prochaines pandémies, il ne faudrait pas seulement traiter les symptômes en fermant les yeux sur le diagnostic de leurs origines. L’apparition de nouvelles maladies infectieuses est souvent la conséquence d’activités humaines forçant le contact entre faune sauvage et faune domestique. Deux facteurs combinés permettent cette émergence. Un pathogène porté par des animaux et faisant office de porte d’entrée de l’infection, et une perturbation environnementale, telle que la déforestation ou l’expansion agricole, mettant en contact ce pathogène avec les humains. Ajoutons à cela l’urbanisation (plus de densité), l’industrialisation (notamment alimentaire) et la mondialisation des échanges, et toutes les conditions sont en place pour permettre au virus de prospérer. L’augmentation de la consommation de viande ces dernières années ainsi que la corrélation entre le nombre d’espèces en danger d’extinction et l’émergence de maladies pathogènes, sont encore d’autres facteurs facilitant la croissance du nombre d’épidémies. Globalement, la destruction de plus en plus fréquente des écosystèmes par la déforestation permet aux virus d’arriver jusqu’aux corps humains et de s’y adapter.
L’activité humaine entraîne aussi l’apparition d’autres menaces, liées aux effets du changement climatique : la migration ou la résurrection de virus. Le réchauffement, associé à la destruction des habitats, induit le déplacement d’espèces tropicales du sud vers le nord, et avec elles la migration de virus. D’autre part, certains piégés depuis des millions d’années dans la glace, pourraient ressurgir avec la fonte du pergélisol. Des chercheurs du CNRS ont par exemple réussi à réactiver deux virus vieux de près de 30 000 ans. Par ailleurs, dans certaines régions, le climat pourrait devenir favorable à l’apparition de pathogènes chez les animaux d’élevage, plantes et semences.
Si l’émergence de futures pandémies reste imprévisible, nous savons tout de même qu’elles seront en grande partie liées à des actions humaines.
Aurore Guillaume