De société ou de plein air, le jeu est partout. Les archéologues peinent cependant à identifier si quelques traits formant un quadrillage sont un jeu. En effet, dissocier un élément de jeu d’un instrument de divination, de magie ou de prière est très difficile lorsqu’il n’y a aucun écrit attestant de son utilisation. D’après l’historien néerlandais Johan Huizinga, les sociétés humaines sont profondément façonnées par le « suspecie ludi », l’élément ludique. Selon lui, faire la guerre, de l’art ou encore parler ne serait que jeu.
Si les archéologues estiment que les Hommes de la Préhistoire jouaient, les premières traces attestées de jeu de société datent seulement de l’Égypte Antique. Le plus connu est le senet. Sa datation est estimée à -3100 avant JC, et on retrouve des mentions de ce jeu sur des hiéroglyphes ou encore des peintures murales de tombeaux de pharaons. Le senet se joue à deux, sur un plateau de trente cases (trois colonnes de dix cases) et cinq ou sept pions selon les versions. Les règles ne sont pas clairement définies, mais le but serait de réaliser un parcours avec ses différents pions. Ce jeu était extrêmement populaire, surtout auprès de la noblesse. Un autre jeu célèbre de l’Ancien Empire égyptien est le mehen, ou Jeu du serpent. Le plateau représente un serpent dont la queue est enroulée sur elle-même. Les pions représentent des lions, des lionnes, des billes ainsi que des bâtons servant de dés. Les règles de jeu du mehen sont très similaires au jeu de l’oie, sans pour autant en être l’ancêtre.
Mathilde Ruby