Retour il y a environ 155 milliers d’années, en pleine ère glaciaire. Alors que dans les esprits des scientifiques tout y était glacial, il semblerait finalement qu’il y ait eu des étés chauds faisant fondre la glace !
Grâce à une carotte de sédiments prélevée au large de Brest, des chercheurs d’IFREMER et de l’université de Columbia ont découvert des graviers caractéristiques d’une période très froide dite d’heinrich (ou la débâcle des icebergs) provenant de cette zone géographique. Mais en y regardant de plus près, ils ont également observé de plus petits sédiments accumulés autour de ces graviers qui provenaient d’une zone beaucoup plus lointaine… L’Europe de l’Est ! Plus exactement, de l’Allemagne, du Danemark et de la Pologne, à l’époque recouverts d’une calotte de glace. La seule explication pour que ces résidus de roches provenant d’endroits différents se retrouvent dans cette même carotte, c’est que la calotte glaciaire nord-européenne de l’époque ait en partie fondue, que son eau de fonte se soit écoulée par la Manche et qu’elle ait fait fondre massivement les langues glaciaires (les fronts de glaciers avancés sur la mer), autour de l’Atlantique nord ! Ce mélange d’eaux a permis la formation de nombreux icebergs qui ont charrié ces sédiments, mais aussi un ralentissement de la circulation océanique face à la difficulté des eaux de différentes températures à se mélanger. Grâce à ces reliques géologiques, témoins pour certaines d’une période très froide et pour d’autres d’un redoux, les scientifiques ont conduit une nouvelle hypothèse : même lors des périodes les plus froides des ères glaciaires, il existait une saisonnalité. Les hivers étaient alors très froids et les étés très courts, mais assez chauds sur le continent pour faire fondre d’importantes surfaces de glace.
Océane Durand