Van Gogh en raffolait. L’absinthe, tirant son nom de la plante dont elle est issue, a longtemps été dénoncée pour rendre « fous » ses consommateurs. À l’origine de cette réputation : la thuyone, une molécule présente dans la plante d’absinthe qui, consommée à grande dose, aurait des effets convulsivants et provoquerait des hallucinations. Sous la pression des ligues antialcooliques dès le début du XX siècle, la boisson a été entièrement interdite en 1915.
Ce n’est qu’en 1988 qu’un décret autorise de nouveau la présence de thuyone dans les spiritueux, à condition que la molécule n’excède pas une quantité de 35 mg/L. Si la production de fée verte est donc en théorie possible dès cette année-là, l’appellation « absinthe » demeure interdite et l’étiquetage doit mentionner le terme « spiritueux aromatisé à la plante d’absinthe ». C’est finalement le 17 mai 2011 que la vente et la circulation d’absinthe sont de nouveau autorisées en France*. Mais pas de crainte : avec jusqu’à 10 fois moins de thuyone dans l’absinthe actuelle qu’à l’époque de Van Gogh, pas de risque de devenir fou.
Pierre-Yves Lerayer
*Toujours avec modération, bien sûr.