Contrairement aux préjugés, la schizophrénie est une maladie aux multiples facettes et ne touche pas seulement le cerveau. Cette prise de conscience est essentielle pour faire avancer la détection et le traitement de la maladie.
À l’Institut de Psychiatrie et Neurosciences de Paris, la détection et le traitement précoce des psychoses émergentes chez le jeune adulte est un enjeu crucial pour l’équipe du professeur Marie-Odile Krebs, chercheuse, psychiatre et chef de pôle à l’hôpital Sainte Anne. Touchant moins de 1 % de la population mondiale, la schizophrénie se révèle entre 15 et 25 ans et peut être séparée en différents stades. Parmi les patients à risque présentant des symptômes atténués, environ un tiers entrera dans la schizophrénie. Le réseau Transition, coordonné par Lydie Mathevet, promeut le repérage des personnes à risque afin de leur proposer une prise en charge précoce.
« On ne peut plus considérer la schizophrénie uniquement comme une maladie du cerveau », martèle Ariel Frajerman, en doctorat de neurobiologie au sein de l’équipe du professeur Krebs, « c’est une maladie comportant des anomalies immunitaires, métaboliques, endocriniennes. » En parallèle à d’autres travaux en génomique ou en imagerie médicale conduits dans l’équipe, ce psychiatre cherche à mieux comprendre les rôles du régime alimentaire dans le développement de la maladie. Avec ses collaborateurs, il étudie chez le rat certaines fonctions cognitives (mémoire, interactions sociales…) qui sont altérées dans la schizophrénie.
L’espérance de vie des personnes atteintes de schizophrénie est de 15 à 20 ans inférieure à celle de la population générale. D’abord à cause des complications liées à la maladie, et qui sont d’origine multiple : génétique, sociale, traitement… Mais les préjugés de l’ensemble du corps médical ont également pour conséquence une moins bonne prise en charge médicale des patients atteints de schizophrénie. C’est pourquoi, explique Lydie Mathevet, l’une des missions essentielle du réseau Transition est la déstigmatisation de la maladie mentale.
Lucile Veissier