Et si c’était la mer à boire ?

© Hella Maas

Plus de 2 milliards de personnes sur Terre n’ont pas accès à une source d’eau potable viable tout au long de l’année. Dès 2025, ce nombre devrait atteindre 3 milliards selon l’ONU. Pour parer à cette catastrophe, la solution semble évidente : rendre potable l’eau de mer, qui représente quelques 98 % du réservoir total en eau sur Terre.

Il existe aujourd’hui deux techniques phares diminuant le taux de salinité d’une eau jusqu’à atteindre un niveau consommable. La première méthode consiste à distiller l’eau de mer en séparant la molécule d’eau de tous les minéraux qui la composent. Cette technique, la déminéralisation, est la première inventée et consiste à évaporer l’eau pour entraîner la séparation. Le problème étant que les sels minéraux présents dans l’eau et essentiels au corps humain disparaissent alors également. La seconde méthode, l’osmose inverse, consiste à placer de l’eau dans un énorme réacteur séparé d’une membrane semi-perméable. Grâce à un jeu de pression, l’eau salée va être poussée à travers la membrane, servant alors de tamis, et se retrouvera privée de ses plus grosses molécules, le sel, une fois de l’autre côté. On récupère alors, dans des proportions variables selon l’installation, une partie d’eau saumâtre (à forte concentration en sel) et une d’eau potable.

Malheureusement, de telles usines ont un coût énorme et ont été bâties uniquement dans des régions riches comme Israël, l’Europe Méditerranéenne ou encore des pays du Golfe ; là où la quasi-totalité des pays sahariens ont déjà atteints un seuil critique d’indisponibilité en eau potable.

Aussi, la question se pose quant au relargage des déchets. L’eau saumâtre créée est souvent rejetée sur les littoraux les plus proches des usines et dérèglent les écosystèmes. En janvier 2019, l’ONU a d’ailleurs officiellement mis en garde les grandes installations de désalinisation à propos de l’impact de ces rejets sur l’environnement local.

C’est parce qu’elle semble intarissable que la mer fascine autant. Mais pour la boire, l’Homme va devoir attendre encore un peu.

Antoine Duval