Tsiganes, Gitans, Bohémiens, Manouches… autant de termes pour décrire ces peuples originaires du nord de l’Inde ayant émigré vers l’Europe à la fin du IXe siècle. Il aura fallu plusieurs siècles pour que ces populations choisissent le terme générique de « Roms » en 1971, en référence à leur langage, le romani. De l’Ukraine à l’Espagne, les discriminations envers les Roms sont nombreuses, notamment dues à leur mode de vie nomade qui les exclut de la société européenne à majorité sédentarisée et urbaine. Mais les Roms sont-ils vraiment sans attaches ? Selon Martin Olivera, docteur en ethnologie, le Rom éternellement errant est une pure construction politique. Malgré le fait qu’ils n’aient pas d’État-nation, sur les 500.000 Roms estimés sur le territoire français, seulement 15.000 sont des « gens du voyage », les autres étant essentiellement Français et installés. Associés à l’image du vagabond pauvre ou du voleur rôdant autour des villes, ces peuples n’ont pas vocation à rester en marge et, bien au contraire, souhaitent se libérer des préjugés afin de revendiquer les droits fondamentaux qui leur sont encore difficiles à obtenir en Europe de l’Ouest.
Mélissande Bry