Volatile majestueux survolant les gratte-ciels de verre et d’acier avec une splendeur inégalée, le pigeon est sans aucun doute le roi incontesté des villes. Penchons-nous un instant sur cet oiseau si souvent dénigré par les patauds humains qui, à défaut de voler, se contentent de marcher le long des rues pavées.

Un bruissement d’ailes, une touche de gris, un léger roucoulement. Pas de doute, c’est encore un pigeon. Mais lequel ? Il existe en réalité plusieurs espèces de pigeons, regroupées sous le genre Columba. En ville, c’est le pigeon biset (Columba livia) qui domine. Après avoir partagé des bateaux avec les humains, ce volatile a su conquérir l’Amérique et l’Asie. Leur royaume couvre aujourd’hui plus de 10 millions de km² et, d’après certaines estimations, la Terre serait gouvernée par plus de 400 millions de pigeons.

Ces oiseaux exceptionnels ont une longue histoire commune avec les ingrats humains. Ils sont domestiqués pour leur chair et leurs œufs sont subtilement dérobés pour des plats jugés gourmets. Leurs fientes riches en azote sont honteusement utilisées pour servir d’engrais aux plantations humaines. Dans les temps de guerre, les pigeons sont même recrutés en masse afin de servir de messagers aux militaires, et ce depuis l’Antiquité.

Les hommes redoutent le jour où les pigeons oseront se rebeller pour fonder leurs propres cités. Dotés d’un sens de l’orientation exceptionnel, sachant utiliser des outils et capables de reconnaître leur propre reflet dans un miroir – à l’inverse des bébés humains de moins de deux ans – les pigeons ont définitivement tout pour régner en maîtres sur ce monde.

Baptiste Gaborieau