Changement climatique : Quelle stratégie pour Paris ?

La présence des voitures individuelles est encore trop importante à Paris. © daxtell - CC BY-SA 3.0

Le dérèglement climatique transforme inévitablement l’agencement de nos villes. Célia Blauel, Adjointe à la Mairie de Paris, est chargée de toutes les questions relatives à la transition écologique et au climat, à l’environnement, à l’eau et à l’assainissement. Dans cette interview, elle nous éclaire sur la stratégie de la Mairie pour préparer Paris à ces changements.

Selon les Nation unies, les villes émettent 75 % des gaz à effet de serre (GES) sur une surface ne dépassant pas 2 % de la surface terrestre. Le réchauffement climatique est un enjeu majeur pour la génération d’aujourd’hui. Comme l’activité humaine compte pour l’essentiel des émissions des GES, des actions sont nécessaires pour contrer les effets du  dérèglement climatique. Pour cela, l’Accord de Paris, ratifié par 147 pays, a pour objectif de contenir « l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels », et ce en réduisant de 50 % les émissions de GES. Dans le même esprit 94 grandes villes, dont Paris, s’organisent en un vaste réseau appelé C40 et mettent en place des actions concrètes chaperonnées par des plans de financement, tout en s’adaptant aux besoins de chaque ville et aux risques auxquels elle est exposée. Faire face au changement climatique implique pour une ville comme Paris une atténuation des risques et une adaptation à ce changement.

Pour atténuer les risques, quatre secteurs principaux doivent évoluer. Les politiques de mobilité, par exemple, secteur dans lequel  Célia Blauel annonce « qu’un travail très fort de la limitation de la voiture individuelle dans Paris mais aussi un travail important sur le fret » sont engagés. Ensuite, se pose la question de la consommation énergétique et « cet objectif ambitieux » que souligne l’adjointe au Maire de « -50 % de consommation d’énergie à Paris en 2050 ». Cet objectif repose sur des changements qui touchent la rénovation thermique des infrastructures. Finalement, le volet alimentation et agriculture, que Madame Blauel ne juge pas assez pris en considération dans les plans climats, fait partie des secteurs dans lesquels la Mairie de Paris travaille, notamment sur « la restauration collective et sur une stratégie alimentaire sur tout Paris et dans la définition de nouveaux partenariats avec le monde rural ». En terme d’autonomie alimentaire donc, mais aussi d’approvisionnement en eau ou de notre système énergétique, Paris a « une forte dépendance à l’extérieur ». Il faudra alors instaurer « une nouvelle solidarité avec les territoires en dehors de notre système administratif ».

La résilience de la ville face aux évènements climatiques extrêmes, particulièrement les crues de la Seine et les vagues de chaleur, est aussi à prendre en compte. Tout cela implique une « refonte complète de la façon dont on regarde la ville ». De nombreux facteurs urbains réchauffent l’air, l’activité des usines ou le bitume par exemple, conduisant à ce qu’on appelle un îlot de chaleur, un micro-climat artificiel en ville. Pour être plus résilient face à ces conditions, la Mairie de Paris a notamment lancé le le programme Cours Oasis. Le but étant de dé-bitumer et de végétaliser les cours d’écoles pour créer des îlots de fraîcheur, pour les habitants et la biodiversité. Ces terrains pourraient, à l’avenir, fonctionner en auto-gestion. Cela implique donc un engagement des citoyens dans leurs gestes, mais aussi dans les décisions publiques. L’adjointe au Maire exprime alors la « conviction très forte qu’il n’y a pas de transition écologique sans transition citoyenne, une transition démocratique ». Pour y arriver, la Mairie met en place des instances pour travailler avec les citoyens sur la co-construction des politiques publiques et la notion de co-responsabilité. Car l’impulsion du pouvoir publique ne sera pas viable sans un changement des comportements. Il faudrait par exemple une réflexion sur la provenance de ce que l’on consomme. Lorsque l’on achète ne serait-ce qu’un jean, qu’est-ce que sa production a réellement coûté en terme de ressources, d’énergie pour la fabrication et de transport du produit final ? Ces questionnements sur nos habitudes de tous les jours, c’est aussi à nous, citoyens, d’y réfléchir et de proposer des solutions.

Tiphaine Claveau et Linda Chenane