L’élysie émeraude : la limace qui voulait être feuillage

Souvent surnommée « limace photosynthétique », l’élysie émeraude fait régulièrement l’objet d’articles dans la presse vantant cette capacité hors du commun. Pourtant, la réalité pourrait être plus complexe. Explications.

Ce n’est qu’une petite limace aquatique des marais salants de la côte est des États-Unis,  pourtant Elysia chlorotica, ou élysie émeraude, fait depuis de nombreuses années figure de mascotte de la presse scientifique. Son secret ? Sa couleur verte irait de pair avec une aptitude étonnante : la photosynthèse.

Marron translucide au début de sa vie, Elysia chlorotica prend sa teinte en se nourrissant de Vaucheria Litorea, une algue unicellulaire. Durant un repas, les chloroplastes du végétal, organites responsables de sa photosynthèse, sont absorbés par les cellules intestinales de la limace. À l’intérieur de leur hôte, les organites vont se remettre au travail.

Pourtant, même si la capacité des chloroplastes capturés à réaliser la photosynthèse est établie, l’importance de ce phénomène pour l’élysie est plus discutée. D’après une expérience menée en 2014, en cas de famine, les limaces privées de lumière maigrissent au même rythme que celles y ayant été exposées.
D’après l’équipe, les chloroplastes serviraient alors de réserve de nourriture ainsi qu’à conférer à l’animal sa couleur verte, vitale pour se cacher des prédateurs.

L’élysie émeraude est le rappel que la science n’est pas un absolu monochrome, mais une palette colorée de tendances et contre-tendances, qui en s’accumulant, esquisse – à la manière d’une toile impressionniste – un aperçu de la réalité.

Guenolé Carré