Monsieur le ministre de l’éducation

Je m’appelle Lucie et je suis élève en seconde. Plus tard, j’aimerais être chercheuse sur le cancer. Seulement voilà, j’ai peur de ne pas y arriver. Pas à cause de mes notes, mes profs sont contents de moi. Mais depuis toujours, les manuels scolaires sont les livres auxquels je suis le plus confrontée, ils sont ma référence. Et les femmes qui ont fait carrière y sont rares.

En français, les auteurEs représentent moins de 10 % des textes, elles sont citées comme les « femmes de » : dans la biographie de Simone de Beauvoir, j’ai lu qu’elle était la femme de Jean-Paul Sartre, mais j’ai pas lu que lui avait épousé Simone.

Dans les manuels d’Histoire ils parlent que des actions collectives de femmes dans des chapitres réservés : « les femmes dans la résistance » ou « l’évolution du droit des femmes ». Les femmes sont des bizarreries sociales, isolées du reste du monde. Il faudrait les intégrer dans tous les chapitres, sur les aspects sociaux, politiques, culturels ou professionnels.

Les filles sont tournées en ridicule en maths et SVT ! Elles passent pour des cruches face à un problème compliqué. J’ai remarqué que les femmes ont souvent des professions peu valorisées (caissière, institutrice, femme au foyer) alors que les hommes si (ingénieur, chirurgien, directeur).

Mais le pire, c’est les livres d’éducation civique. On doit y apprendre la parité et l’égalité femme/homme, mais ils font les mêmes clichés ! Selon les livres d’école, je pourrais devenir figure maternelle ; femme-objet valorisée par mon corps ; ou alors femme-allégorie comme Marianne. Basta. Merci, hein ! En fin de compte, je trouve que c’est hypocrite paradoxal : à l’école, on doit nous apprendre l’égalité, pourtant les supports qu’on utilise répètent les inégalités de tous les jours. Peut-être qu’il faudrait former les gens qui font les livres ? Genre, les sensibiliser, leur donner des listes de figures féminines ? Enfin, je dis ça, je dis rien…

Cordialement,
Lucie

Antonin Cabioc’h