Ma fille, tu as le droit d’être scientifique

Dans les sciences, le résultat est sans appel : seulement 28 % des chercheurs en France sont des chercheuses. Mais d’où vient cette rupture ? Du sexisme ? Des clichés dont elles n’arrivent pas à se débarrasser ? D’une autocensure ? Ou est-ce un peu des trois ?

« C’est normal si tu ne comprends pas, les filles sont moins bonnes en maths que les garçons  ». « Les femmes sont moins compétitives, manquent d’esprit rationnel et d’ambition ». C’est ce genre de remarques qui font que 90 % des Européens estiment que les femmes sont bonnes en tout, sauf en science. Pourtant, des études ont pointé que jusque dans le secondaire, les filles avaient de meilleurs résultats scolaires que les garçons. Elles choisissent pourtant des filières moins « prestigieuses », et s’orientent souvent vers des métiers moins bien payés et avec moins de responsabilités.

Beaucoup d’études réalisées… des mesures doivent être prises

Dès l’enfance, les petites filles sont victimes de préjugés et d’éducation sexiste. La revue Science a publié en 2017 une étude montrant que nous assimilons les clichés très tôt. En effet, les petites filles dès 6 ans, se classent moins souvent dans la catégorie « très intelligent », comparées aux petits garçons. Mais ce n’est pas la seule, un florilège d’études réalisées est formel : plus nous avançons au niveau hiérarchique, moins les femmes sont présentes ; et certaines disciplines sont clairement sexuées, comme la physique par exemple. Une des raisons pour expliquer ce constat est… les femmes doivent s’occuper des enfants et de la maison, évidemment !

Une étude(1) réalisée entre 2005 et 2007 s’était portée sur certaines carrières d’enseignantes-chercheuses. Parmi celles interrogées, deux profils ont émergé. Le premier inclut des femmes ayant su très tôt ce qu’elles désiraient faire et qui ont été encouragées par leur entourage. Le deuxième, celles avec un parcours plus compliqué et qui ont accepté que certaines filières étaient masculines. Il faut arriver à dépasser ces préjugés et inégalités afin que le modèle évolue, et que les femmes soient enfin, traitées de la même manière que les hommes. Une des conséquences de ce manque féminin se retrouve dans la santé. La majorité des essais cliniques réalisés sont testés sur des hommes. Pourtant, certains médicaments n’agissent pas de la même manière chez les hommes ou chez les femmes. Résultat : de nombreuses femmes souffrent d’effets indésirables suite à la prise d’un médicament.

Léna Pedon

(1) « Les enseignantes-chercheuses à l’université et la norme masculine de réussite », par Sophie Lhenry et le PEFH de Paris Diderot, 2011.