Durant l’été 1958, Annie Duchesne arrive à S. pour être animatrice dans une colonie pour enfants. Elle quitte son milieu d’origine et découvre un autre monde auquel elle veut
appartenir. Elle se laisse séduire par H, le moniteur en chef, à qui elle se donne corps et âme et se confronte alors à une expérience de honte, dont elle garde longtemps les marques. Mémoire de fille, devient une quête, par l’écriture des souvenirs, pour tenter de retrouver son ancien soi. Le texte revêt une réflexion métatextuelle sincère. Son style, caractérisé par des phrases courtes, relate les faits dans toute leur réalité.

Une des forces de ce texte autobiographique est aussi son aspect collectif. Annie Ernaux écrit à partir de sa vie pour poser des questions sociales. Publié en 2016, Mémoire de
fille résonne avec une actualité où les femmes occidentales osent dénoncer la domination et la primauté du plaisir masculin. « Chaque jour et partout dans le monde, il y a des hommes en cercle autour d’une femme, prêts à lui jeter une pierre. » Le récit trace la construction d’une conscience féministe et permet de mesurer un certain progrès, toujours
perfectible.

Lauranne Garcia-Cousteau

Ce mois-ci la rubrique culturelle se fait en collaboration avec l’atelier « Pratique de l’écrit » de Jeanne Boucharach, enseignante à Paris Diderot. Dans le cadre de ce cours de la Licence Lettres, deux critiques littéraires ont été retenues pour représenter le travail des élèves.