Aujourd’hui, nous vous emmenons pour une promenade dans les forêts du monde, proches ou lointaines, où organismes et phénomènes étranges se côtoient pour le plaisir des yeux de ceux qui savent y prêter attention.

Figuier étrangleur
La graine de ce parasite architectural germe sur la cime d’un grand arbre, puis ses racines descendent jusqu’au sol. Elles s’entrelacent autour du tronc et se soudent entre-elles, formant en quelques mois une étreinte oppressante. L’arbre proie, ne pouvant plus grandir, ne tarde pas à mourir. Il se décompose en terreau qui nourrira le ficus, laissant derrière lui un vide béant au cœur de l’étrangleur.
Galles, fruits de l’indésirable
En balade, vous remarquerez peut-être des excroissances colorées sur certaines feuilles : les galles. Si vous avez la cruauté d’en ouvrir une, vous risquez d’être surpris. C’est le résultat d’un parasitisme : un insecte pond ses œufs sur la feuille et sécrète des hormones, poussant la plante à produire un organe autour de l’œuf, qui nourrira la larve. Même si celles du chêne sont les plus courantes, il en existe des milliers !


Liane caméléon
De la forme et couleurs des feuilles, jusqu’au dessin de leurs nervures, cette plante démontre une capacité de métamorphose intrigante durant la croissance de leur tige ! Grimpant de branches en branches, la liane se protège des insectes herbivores en exerçant un mimétisme des supports sur lesquels elle s’enroule. Un mécanisme d’adaptation rare chez les plantes et dont l’apparition dans l’évolution ne trouve toujours pas de consensus.
Les arbres qui fument
Quand vient le froid, vient aussi cette vapeur que nous expirons. Un phénomène expliqué par la différence de température entre notre corps et l’air extérieur. Lorsque les arbres transpirent pour faire circuler leur sève ou envoyer des messages chimiques, de l’eau sort. Une fois libérée dans le froid, elle se condense et se matérialise en vapeur, que vous pouvez observer si vous êtes assez attentifs.


L’arbre aux feuilles éternelles
Ne vous moquez pas de cet arbre qui n’arrive pas à perdre ses feuilles. Ce curieux eucalyptus a en effet pour habitude de garder auprès de lui ses feuilles mortes lorsque l’automne arrive. Sans se détacher de la tige, les feuilles coulissent vers le sol et forment ainsi une épaisseur supplémentaire au pied de la plante. Issu de la montagne, ce petit malin pourrait en fait avoir trouvé la stratégie idéale pour se protéger du froid !
Aquarium suspendu
Guzmania lingualata s’épanouit dans les forêts tropicales américaines. Plante épiphyte, elle se sert des branches des arbres comme support. Ses feuilles resserrées forment un réservoir qui peut recueillir 20 litres d’eau de pluie. Un écosystème insoupçonné se développe, perché à la lumière de la cime des arbres : grenouilles, crevettes, larves, crabes ou encore scorpions et millepattes, dans le terreau formé par ses feuilles mortes.


Ronds de sorcière
En se baladant dans les forêts près de Belfort il vous est peut-être arrivé de vous trouver au milieu d’un grand cercle de plus de 600 mètres de diamètre ! Il s’agit d’un « rond de sorcière », la manifestation visible d’un champignon souterrain qui se détend dans toutes les directions. Ces formations peuvent se propager chaque année d’environ 30 cm, ce que révèle aussi leur âge. Celui de Belfort est donc un ancien : il est apparu il y a 700 ans !
Rédacteurs : Tiphaine Claveau (Figuier étrangleur), Marion Barbé (Galles, fruits de l’indésirable), Corentin Mathé-Deletang (Liane caméléon), Juliette Dunglas (Les arbres qui fument), Pierre-Yves Lerayer (L’arbre aux feuilles éternelles), Romain Hecquet (Aquarium suspendu) et Daniel Peyronel (Ronds de sorcière)