Prendre une règle, monter sur une balance, acheter un litre de lait… Les sociétés de toutes les époques ont placé leur confiance dans des bouts de plastique gradués, des gabarits et des pièces de métal aux exactitudes métriques discutables. L’histoire des unités de mesure est étroitement liée à celle de ses utilisateurs : pour quelles raisons les utilisaient-ils ? Avec qui ? Et pourquoi ?
Autrefois, les hommes se plaçaient comme unité de base de leur propre monde. Les premiers chantiers de construction se basèrent sur des pouces, et des pieds… d’inconnus. L’historien W. Kula soulève d’ailleurs le besoin de « déceler le contenu social » des mesures. Dans son livre Sapiens, l’historien Y.N Harari présente l’exemple des conquistadors n’ayant pour seule obsession que l’or en tant que monnaie de grande valeur, tandis que les aztèques, eux, se payaient en graines de cacao ou en coupons de tissu.
Si chaque civilisation a trouvé sa manière de mesurer, elles se sont parfois réunies autour de quelques unités pour mieux échanger, se sont divisées pour mieux régner et se retrouveront enfin ce mois ci à la 26e Conférence des poids et mesures pour devenir absolues.
Le besoin d’universaliser
Dès le Moyen ge, plusieurs tentatives d’unification de mesures ont existé en Europe.
D’un usage ancré dans le monde matériel et dans les besoins du quotidien, la nécessité de s’entendre devient nécessaire. D’abord motivée par la croissance des échanges commerciaux, l’unification vient d’un besoin d’échanger, de vendre et d’acheter la « même chose ». Ce besoin, économique à la base, changera en profondeur la manière dont les sociétés ont pensé la mesure, de quelque chose d’inscrit dans plusieurs réalités à une autre, plus absolue. Universaliser c’est aussi considérer une humanité aux passés différents mais à l’avenir commun.
S’entendre : le système décimal puis le SI
La Révolution française donne naissance au système métrique succédant aux mesures dites de l’Ancien Régime. En 1793, naît une définition du mètre plus universelle pour l’époque, se basant sur la mesure du méridien de la Terre. Avec lui, les unités de volume et de masse sont redéfinies sur un système décimal qui simplifient les conversions. Le Système international (SI) est né.
Marion Barbé & Juliette Dunglas
Le journal | Surface qui pouvait être labourée en une journée. |
L’Hommée | C’était la quantité de terre pouvant être fauchée ou bêchée par un homme en un jour. |
La Lieue | Distance parcourue par un homme ou un cheval en une heure. |
La Superficie d’un champ | Quantité de grain qu’il était possible d’y semer (exemple : si on pouvait semer un boisseau, le champ faisait une boisselée). |
…Ou pas | |
Le pied du roi | Mesure de longueur censée être définie à partir de la taille du pied de Charlemagne, et était subdivisée en 12 pouces. |
Equivalences avec le SI
- Le pied du roi : 0,325 mètres
- Un journal : 32,9 ares (Pour rappel, 1 are = un carré de 100 m²)
- Hommée : peut beaucoup varier, pas d’équivalence
- Boisselée : 8,9 ares (1 boisseau : environ 13 L)
- Une lieue : varie entre 3,2 et 4,7 km
Pour en savoir plus :
Histoire du Système métrique
Les mesures ont aussi une histoire
La préhistoire du système métrique
Yuval Noah Harari, Sapiens, Albin Michel (2015)
Les poids et mesures sous l’Ancien Régime