Steak éprouvette

Polluante, néfaste pour le bien-être des animaux, gourmande en eau potable… La consommation de viande n’est pas en vogue aujourd’hui. Face à cela, une alternative se développe : la viande in vitro. Le concept ? Prélever un morceau de muscle sur un animal, mettre ses cellules souches en culture (c’est-à-dire leur permettre de se développer grâce à un milieu adapté), et obtenir ainsi de la viande cultivée moins gourmande en eau, en espace et en énergie. Le tout sans tuer l’animal. Le premier steak obtenu à partir de cellules souches a été dévoilé en 2013 par l’équipe de Mark Post, de l’Université de Maastricht. Pourtant, la communauté scientifique internationale reste sceptique. Selon Jean-François Hocquette, chercheur à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) : « On a affaire à un simple amas de fibres musculaires, mais pas à de la viande puisqu’il manque les nerfs, les vaisseaux sanguins et les îlots de gras, si importants pour les qualités organoleptiques », comme le goût. D’autres soulignent que, bien que l’animal de départ ne soit pas tué, un sérum de fœtus de vache est nécessaire pour permettre la croissance des cellules. Pas si miraculeux que ça en terme de bien-être animal donc, même si actuellement plusieurs équipes de chercheurs, dont celle de Mark Post, réfléchissent à un environnement de croissance non-animal. De plus, à l’heure actuelle, la viande artificielle coûte cher : le coût du premier steak artificiel a été estimé entre 250 000 et 290 000 €.

Malgré ces points négatifs, de nombreuses start-up, notamment américaines, misent sur cette avancée. Depuis un an, l’une d’entre elle est capable de cultiver de la viande de poulet et de canard. Même si cela reste cher (15 000 €/kg), la société espère rendre ses produits abordables d’ici 2021. À voir si la production à grande échelle de cette viande artificielle sera véritablement plus rentable, écologique et éthique que la production de viande traditionnelle.

Alice Thomas

Image : Antonin Cabioch