Édito : Les frontières

Une philosophie de la séparation, la modélisation d’une limite. La frontière est un clivage, une démarcation, une ligne tracée. La frontière nous sépare des autres, peut nous empêcher d’engager des relations internationales, des migrations ou de faire partie d’un peuple. Cette notion de territoire peut-elle s’appliquer aux savoirs ? La connaissance, aussi, fait-elle partie de ces structures que l’on cloisonne ?

La production d’un savoir répond à une codification, un langage et une méthode. Mais elle occulte la présence d’autres savoirs qui peuvent franchir ses propres conventions. La subalternité, le rapport de pouvoir entre les savoirs, répond à un besoin interculturel qui appelle à la nécessité d’un dialogue entre les différentes disciplines. La collaboration entre les discussions permet d’ouvrir des horizons plus larges, de nourrir une compréhension globale et tangible du monde, de franchir des frontières. C’est à cet objectif qu’il faut rester vigilant, dans l’esprit d’une symbiose entre les sagesses de chacun, pour exercer sur le réel et l’impalpable, une maîtrise humaniste. S’ouvrir au-delà des frontières, c’est également mieux comprendre là où l’on se trouve.

C’est dans cette direction que l’Octopus a souhaité aller quand il a vu le jour. Conjuguer les territoires de chacun, pour découvrir ce qu’il se cache derrière chaque chose ; et, par la multiplicité des regards, donner à chacun des éléments pour interpréter. Ce mois-ci, nous revenons sur ce qui a construit notre monde tel qu’il est aujourd’hui, sur ce qu’il se passe au-delà de ce que nous voyons, et sur toutes les séparations que nous créons.

Juliette Dunglas & Héloïse Rakovsky