AU VOISINAGE DU POINT CRITIQUE : LA FRONTIÈRE

Alors que les déclarations fracassantes du Président des États-Unis sur les étrangers provoquent l’indignation un peu partout dans le monde, il serait facile de ne remarquer la tache que sur le visage de l’autre.

Car si vue depuis la France, l’absurdité de ce discours qui voudrait opposer les nouveaux immigrés aux étasuniens « de souche » ne fait pas de doute, notre société est malheureusement atteinte du même mal. Pourtant, avec le pays de l’oncle Sam, la France est peut-être l’état occidental pour lequel cette pensée relève le plus du non-sens au regard de son histoire.

Attisée par certains professionnels de la peur, l’idée selon laquelle l’immigration serait un péril pour la culture française s’est durablement implantée dans les esprits. Elle se base pourtant sur un postulat doublement faux. Celui qui prétendrait que la culture serait un bloc unique et immuable.

De tout temps, au gré des migrations et des échanges, les peuples se sont rencontrés et ont interagi. Les cultures sont nées, sont mortes, elles se sont enrichies ou se sont sclérosées, mais elles ont toujours évolué.

Dans cette nébuleuse humaine, une culture n’est qu’un état temporaire, une passerelle entre passé et futur.

Mais dans ce cas, pourquoi vouloir figer une chose destinée à changer quitte à en oublier son humanité ?

Alors, que ce soit en Amérique ou dans la Méditerranée, pourquoi dresser des murs le long de frontières artificielles ?

 

Guénolé Carré