L’histoire de l’économie caféière est ponctuée de crises dont la plus importante a eu lieu en 1989. Cette crise a été amorcée par le désaccord entre les pays importateurs et les pays exportateurs de café sur la renégociation des quotas du café. Ce manque de consensus signa l’effondrement des Accords Internationaux du café et emporta avec elle la stabilité du marché mondial du café et le système de fixation des prix. L’année suivante, en 1990, le prix du café a été divisé par deux.
Cette situation a mis en difficulté tous les producteurs, les exploitations caféières ont dû vendre à perte. Les fermes industrialisées fortement impactées ont réussi à maintenir leur activité contrairement aux petits producteurs indépendants. La plupart d’entre eux se sont retrouvés au chômage, et la majorité a dû se tourner vers les grandes exploitations pour subvenir à ses besoins.
Cette précarité vécue par tous ces producteurs s’est alors accompagnée d’une recrudescence d’homicides, d’enlèvements et d’attaques armées.
L’exemple le plus frappant reste la Colombie où l’économie caféière constituait un rempart à la violence. Dans ce pays, en 2002, le nombre d’homicides dans les régions caféières était deux fois plus élevé que dans le reste du pays. Cette violence a émergé, durant les années 90, lors de la venue de groupes armés attirés par le déclin de la Fédération nationale du café. Ces groupuscules avaient choisi ces régions en difficultés économiques pour y installer un corridor afin de transporter illégalement des armes et de la drogue.
L’Amérique du Sud n’est pas le seul continent en proie à la violence. Lors de la crise de 1989, le gouvernement du Rwanda fit faillite. Incapable de prendre en charge les habitants, les écoles ont fermé, la malnutrition et le paludisme se sont propagés. Le mécontentement de la population s’est rapidement mué en révolte. Cette situation ajoutée à de nombreux antécédents historiques et politiques explique, en partie, le tristement célèbre génocide du Rwanda.
La situation a évolué en 2004 lorsque les prix ont cessé de baisser. Notamment, grâce à l’augmentation de la consommation du café des grandes puissances émergentes comme la Chine, la Russie ou encore le Brésil et par une diminution de la production mondiale.
Malgré l’augmentation des prix et la relative stabilité du marché, la violence subsiste de nos jours. Le Brésil, premier exportateur de café au monde, en fait les frais. Dans cet immense pays, les terres qui empiètent sur l’Amazonie sont les principales ressources convoitées. Les riches propriétaires se les divisent entre eux et laissent uniquement les plus petites parcelles aux petits producteurs. Pour vivre confortablement, ces paysans cultivent clandestinement les terres des propriétaires. Ces derniers font donc appel à des milices lourdement armées pour protéger leurs terres.
Le café est une ressource agricole dont l’actualité reste brûlante. L’essor de la communication et de l’information a permis une plus grande connaissance de ces violences par la communauté internationale, qui s’implique de plus en plus dans des projets éthiques et écologiques.
Guillaume Marchand