Notre ADN, comme celui de tous les êtres vivants, est constitué de répétitions de quatre bases azotées appelées nucléotides, que l’on nomme A, T, G et C. Plusieurs dizaines de milliers de bases à la suite les unes des autres forment un gène, qui sera traduit en protéine par une machinerie complexe. Et c’est là que tout se complique. Les bioinformaticiens travaillent d’arrache-pied pour essayer de relier cette simple et immense séquence de nucléotides à la forme tridimensionnelle d’une protéine. En somme, ils cherchent les enchaînements de bases qui traduisent un repliement dans la future protéine. Et si aujourd’hui les big data sont d’une grande aide, il y a un petit groupe d’irréductibles mélomanes qui étudient une autre approche : convertir chaque lettre ou groupe de lettres… en une note de musique !
En 2016, l’équipe de Robert Bywater s’est basée sur les excellentes compétences de raisonnement spatial de l’être humain ainsi que sur sa capacité auditive à discerner deux fréquences sonores. Après entraînement, des élèves biologistes et musiciens ont ainsi été capables dans 70 % des cas de reconstruire avec justesse la forme tridimensionnelle d’une protéine en écoutant leurs mélodies !
Un an plus tard, Mark Temple, biologiste moléculaire et musicien, décide de pousser la chansonnette encore plus loin. Son programme convertissant les séquences de nucléotides en mélodies semble être capable de déceler… des mutations génétiques ! Et s’il vous vient l’idée de changer votre sonnerie de téléphone, faites un tour sur son site dnasonification.org, entrez une séquence d’ADN et… laissez-vous surprendre !
Mathilde Ruby
Sources :
https://www.cell.com/heliyon/fulltext/S2405-8440(16)30870-2#supplementary-content
https://bmcbioinformatics.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12859-017-1632-x